RDC : quel sort sera réservé au journaliste Stanis Bujakera ?


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Stanis Bujakera
Stanis Bujakera

Depuis hier, Stanis Bujakera séjourne en prison. Le journaliste, directeur adjoint de publication du média congolais Actualite.cd, et correspondant de Jeune Afrique en RDC a été placé sous mandat d’arrêt provisoire.

Placé en garde à vue depuis le vendredi 8 septembre 2023 où il a été arrêté à l’aéroport de Ndjili alors qu’il était en partance pour Lubumbashi, Stanis Bujakera est déposé en prison, ce lundi. Cette décision fait suite à une audition du journaliste par le parquet de Kinshasa. Les autorités reprochent au correspondant de Jeune Afrique la « propagation de faux bruits » et la « diffusion de fausses informations ». En fait, tout est parti d’un article publié par Jeune Afrique au sujet de l’enquête sur la mort du député et ancien ministre Chérubin Okende.

L’article, qui n’a pas été signé par Stanis Bujakera, s’appuie sur un document attribué à l’Agence nationale de renseignements (ANR), dont les autorités congolaises contestent l’authenticité. Selon elles, Jeune Afrique a fait usage d’une « fausse note attribuée à l’ANR ». Elles ne comprennent pas « que des médias jugés crédibles professionnellement se soient laissés dévoyer au point de relayer un document au contenu fallacieux ».

Les professionnels des médias mobilisés pour la libération de leur collègue

À l’international comme au plan local, l’arrestation de Stanis Bujakera ne laisse personne indifférent. Si les États-Unis, la Belgique, la Grande-Bretagne, la Suisse, la France et l’Union européenne se sont exprimés, les associations de journalistes congolais ne sont pas restées inactives. Ce lundi, des représentants de l’Union nationale de la presse congolaise, de l’association nationale des éditeurs du Congo, de l’association des correspondants des médias étrangers, de l’association des médias en ligne du Congo, entre autres, ont été reçus en audience par le ministre de la Communication et Médias, Patrick Muyaya.

S’exprimant au nom de ses collègues, Israël Mutala, directeur général du média 7sur7.cd a déclaré : « La corporation est mobilisée par rapport au cas malheureux qui est arrivé à notre confrère Stanis Bujakera Tshiamala. Nous sommes venus dire au ministre de la Communication et Médias notre peine de voir un de nos confrères privés de sa liberté pendant plus de 48 heures. Nous sommes venus dire au ministre que cette situation nous afflige énormément et qu’il fasse tout ce qui est à son pouvoir pour que notre confrère Stanis Bujakera Tshiamala puisse recouvrer sa liberté d’aller et de venir ».

 Une menace sur la liberté d’expression ?

Pour ces professionnels des médias, même si des charges sont retenues contre Stanis Bujakera, il faut qu’il comparaisse devant les juridictions, libre. Cette position est également celle des avocats du journaliste. « Il vient d’être privé de sa liberté. Cela veut dire que le parquet estime qu’il a des indices de culpabilité. En ce qui nous concerne, nous estimons qu’en l’état et vu les éléments, il aurait pu rentrer chez lui et continuer à venir comparaître et donner des éléments de justification. On va se battre pour que Stanis Bujakera retrouve les siens, retrouve son métier qu’il fait avec professionnalisme et sérieux », a soutenu Me Hervé Diakiese dont les propos ont été rapportés par Actualite.cd.

La gestion de l’affaire Stanis Bujakera par la justice congolaise pose le problème de la liberté de la presse au Congo de Félix Tshisekedi. À quelques mois des élections générales, les journalistes sont-ils menacés dans l’exercice de leur métier ? Quel sera le sort de Stanis Bujakera qui, rappelons-le, avait déjà été menacé de poursuites en mars dernier par le ministère de la Défense ? Le motif de ces poursuites finalement abandonné était que le journaliste avait relayé un passage du compte rendu du conseil des ministres pourtant rendu public par le ministère de la Communication.

En tout cas, Human Rights Watch et Reporters sans frontières n’ont pas manqué eux non plus de condamner « cette énième atteinte à la liberté de la presse en RDC ». Leur exigence à leur actuelle : la libération immédiate du journaliste.

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Par Serge Ouitona, historien, journaliste et spécialiste des questions socio-politiques et économiques en Afrique subsaharienne.
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