RDC : que s’est-il passé à Lubumbashi, ce samedi ?


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La ville de Lubumbashi, chef-lieu de la province du Haut-Katanga, a été, ce samedi, le théâtre de tirs nourris entre la police, l’armée et des miliciens Bakata Katanga qui ont investi la ville. Des morts sont à déplorer de part et d’autre.

La quiétude des habitants de la deuxième ville de la RDC, Lubumbashi, a été perturbée, ce samedi 26 septembre, par des hommes armés de Bakata Katanga, une milice sécessionniste de la riche province minière. Environ 200 miliciens munis d’armes automatiques, de machettes, de flèches et d’amulettes, ont fait irruption dans la ville, obligeant la police et l’armée à intervenir. Des échanges de tirs ont alors eu lieu entre les deux camps, durant des heures, obligeant la population à se terrer chez elle durant toute la matinée.

Un bilan relativement lourd

Le bilan des affrontements a été présenté par le ministre provincial de l’Intérieur du Haut-Katanga, Fulbert Kunda, en ces termes : « 16 assaillants ont été neutralisés, plusieurs blessés, 13 capturés, 7 armes récupérés, plusieurs flèches et machettes, des effigies du général Kyungu Mutanda et un drapeau du MIRA (Mouvement des indépendantistes révolutionnaires africain, ndlr) ».
Les forces de l’ordre ont aussi laissé quelques plumes dans les échanges de tirs. « 3 morts, dont 2 policiers décapités et un élément FARDC tué par balles, 7 blessés dont deux Jeep atteintes par balles, une autre saccagée et 3 armes emportées ».

Que recherchaient les assaillants ?

IMG 26092020 155155 1200 x 675 pixel 678x381A en croire le ministre provincial de l’Intérieur, ils avaient pour objectif « de prendre et de contrôler le gouvernorat, la RTNC et la place mythique Moïse Tshombe ». Pour accomplir leur besogne, les assaillants n’étaient pas venus seuls. Ils s’étaient fait accompagner de femmes et d’enfants ainsi que le confirme le rapport du Vice-premier ministre et ministre de l’Intérieur et de la Sécurité, Gilbert Kankondé Malamba : « Cette incursion est une œuvre des insurgés qui se sont attaqués à la place de la Poste et les locaux de la RTNC Haut-Katanga, en utilisant les femmes et les enfants comme boucliers ».
Ils ont essayé, sans succès, de hisser le drapeau du Katanga sécessionniste à la place de la Poste, au centre-ville de Lubumbashi.

Réunion de crise dirigée par le Premier ministre

Après le retour au calme, le Premier ministre Sylvestre Ilunga Ilukamba a convoqué une réunion de crise à laquelle ont pris part plusieurs ministres : le Vice-premier ministre, ministre de l’Intérieur et de la Sécurité, le ministre d’État chargé de la Communication et des Médias, porte-parole du gouvernement, le ministre délégué à la Défense nationale et le vice-ministre de la Justice et garde des Sceaux. Et des responsables des services de sécurité.
Après avoir condamné vigoureusement l’acte posé par les miliciens, Sylvestre Ilunga Ilunkamba plaide pour que des sanctions soient prises à l’encontre des fautifs. Il « insiste pour que toutes les responsabilités soient établies sans faille à l’égard des auteurs, co-auteurs et complices de ces actes », lit-on dans le compte-rendu de la réunion fait par Gilbert Kankonde Malamba, Vice-premier ministre et ministre de l’Intérieur et de la Sécurité.

La réalisation de la promesse du Président Tshisekedi toujours attendue

Débarrasser la RDC des milices et des groupes armés au prix de sa vie si nécessaire; telle est la promesse faite par le Président Félix Tshisekedi à ses compatriotes, surtout à ceux des provinces de l’est, au début de son mandat. Si quelques avancées ont été notées, avec la reddition de quelques groupes armés, et les pourparlers en cours avec certains, il faut reconnaître que le pays est encore loin d’être libéré des milices dont les exactions continuent d’être déplorées. Le premier citoyen congolais est attendu sur ce terrain avant la fin de son quinquennat.

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Par Serge Ouitona, historien, journaliste et spécialiste des questions socio-politiques et économiques en Afrique subsaharienne.
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