
La Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) tiendra un sommet extraordinaire par visioconférence, ce jeudi 13 mars 2025, pour examiner la situation sécuritaire en République Démocratique du Congo (RDC). Une réunion qui se tiendra alors que la tension est toujours vive dans l’Est de la RDC où le M23 continue d’avancer.
C’est le Président en exercice de la SADC, le Zimbabwéen Emmerson Mnangagwa, en personne qui présidera le sommet extraordinaire de ce jeudi. Occasion pour les dirigeants de cette communauté de clarifier le mandat de la Mission de la SADC en RDC (SAMIDRC) et de renforcer la coordination régionale face à la détérioration du contexte sécuritaire dans l’est du pays.
Une situation alarmante dans l’Est congolais
Ce sommet intervient alors que les combats s’intensifient dans l’Est de la RDC, notamment avec la progression des forces de l’AFC/M23, soutenues par le Rwanda. Après la prise de Nyabiondo et de Bukavu, les rebelles menacent désormais d’atteindre Walikale et d’autres zones stratégiques. Face à cette escalade, la communauté internationale, y compris le Conseil de sécurité de l’ONU, a appelé à des efforts diplomatiques accrus, notamment à travers les processus de Luanda et de Nairobi.
Le 21 février dernier, la résolution 2773 du Conseil de sécurité des Nations unies exhortait la RDC et le Rwanda à reprendre sans délai des négociations diplomatiques et soulignait l’importance des initiatives régionales de médiation, notamment celles menées par le Président angolais João Lourenço.
La SAMIDRC en attente d’un mandat clair
L’un des points centraux de cette réunion sera la clarification du mandat de la Mission de la SADC en RDC (SAMIDRC). Depuis son déploiement en décembre 2023, cette force militaire, composée de troupes sud-africaines, malawites et tanzaniennes, est en stationnement à Goma, mais peine à intervenir efficacement en raison de l’absence d’un cadre d’action précis. Lors de la réunion du 6 mars dernier, la Troïka de l’Organe de défense et de sécurité de la SADC avait déjà recommandé une redéfinition des objectifs de la mission. Cette question sera donc au cœur des discussions du sommet, qui devra déterminer si la SAMIDRC adoptera un rôle plus offensif ou si elle se limitera à des opérations de stabilisation et de soutien aux forces congolaises.
Par ailleurs, la SADC devra également discuter des efforts de coordination avec la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC), qui mène ses propres actions de médiation sous la direction de l’ancien Président kényan, Uhuru Kenyatta. Cette volonté d’unir les initiatives a été renforcée par la récente décision de fusionner les processus de paix de Luanda et de Nairobi. Ces efforts seront désormais menés conjointement par les anciens dirigeants nigérian, Olusegun Obasanjo, kényan, Uhuru Kenyatta, et éthiopien, Haile Mariam Dessalegn.
Tshisekedi et Lourenço en concertation
À la veille de ce sommet, précisément le mardi 11 mars, le Président congolais, Félix Tshisekedi, s’est rendu à Luanda pour échanger avec son homologue angolais João Lourenço. Cette rencontre visait à harmoniser les stratégies de médiation et à préparer les grandes lignes des discussions à venir lors du sommet de la SADC. Elle pourrait également déboucher sur des négociations directes entre les autorités congolaises et le M23, comme le fait ressortir un communiqué de la Présidence angolaise : « Suite à la brève visite de travail de son Excellence Félix Tshisekedi à Luanda, la partie angolaise, en tant que médiateur dans le conflit qui touche l’est de la République démocratique du Congo, va établir des contacts avec le M23, afin que les délégations de la RDC et du M23 mènent des négociations directes à Luanda en les prochains jours, en vue de négocier une paix définitive dans ce pays frère ».
Si l’Angola parvenait à obtenir ces négociations directes, cela aurait été un coup de force diplomatique, vu la position tranchée de Félix Tshisekedi qui, jusque-là, a toujours systématiquement écarté toute option impliquant des pourparlers avec le M23. Dans tous les cas, l’issue de ce sommet extraordinaire de la SADC sera déterminante pour l’avenir du déploiement régional et pour l’évolution des rapports de force dans la région. Les attentes sont grandes quant à une décision claire et concertée qui pourrait enfin apporter une réponse efficace à la crise persistante dans l’est du pays.