Les comptes de l’hôpital du Dr Denis Mukwege, connu pour son aide aux femmes victimes de viols dans l’est de la République démocratique du Congo, ont été saisis par l’Etat. Et pourquoi donc ?
L’Etat rd-congolais a lancé une traque contre l’hôpital du Dr Denis Mukwege, connu pour son aide aux victimes de viols dans l’est de la République démocratique du Congo, en saisissant ses comptes. Mercredi dernier, l’hôpital a évoqué un procédé qu’il juge « discriminatoire ».
Dans un communiqué, l’établissement précisait que « les comptes bancaires de l’hôpital de Panzi viennent d’être saisis par le pouvoir congolais. Cela veut dire qu’on ne peut plus y opérer des retraits », précisant que cet acte avait « un impact majeur sur le fonctionnement de l’hôpital et la prise en charge des malades ». L’institution a en outre dénoncé le fait que cette saisie est à l’origine du fait que « les 500 agents employés par l’hôpital n’ont pas reçu leur salaire de décembre ».
En réalité, si l’Etat rd-congolais a saisi les comptes, c’est parce que la direction générale des impôts, notamment le bureau du Sud-Kivu, exige que l’hôpital Panzi paye des impôts sur la prime locale. Il a été mis en place une nouvelle taxation de plus de 40 000 euros par mois. En outre, les autorités de Kinshasa accusent l’hôpital de Panzi de fraudes fiscales et lui réclament le paiement d’arriérés d’un montant de près de 600 000 euros pour 2012 et 2013, en plus du paiement d’un impôt professionnel sur les rémunérations de ses employés.
Pour sa part, Me Patient Bashombe, avocat-conseil de l’hôpital, qui soutient que c’est « comme si dans toutes les écoles du pays, la DGI courait après les enseignants pour taxer les primes versées par les parents », précise que le centre hospitalier de Panzi « est un hôpital de l’Etat. Et aucun hôpital public ne paie jusqu’à aujourd’hui les impôts en RDC. Le fait de saisir les comptes de l’hôpital est illégal et peut nous amener à parler d’un acharnement ». La direction de l’hôpital, par la voix de son avocat-conseil, « exige que les autorités cessent avec ces mesures discriminatoires à l’endroit du seul hôpital de Panzi ».
Fondé par le Dr Denis Mukwege, l’hôpital de Panzi, implanté à Bukavu, capitale de la province du Sud-Kivu (est), soigne depuis une quinzaine d’années des femmes victimes de violences sexuelles dans cette région troublée, instable depuis deux décennies.