La Belgique a pris une décision forte en rappelant son ambassadeur à Kinshasa pour consultations. Ce, suite à la condamnation à mort de son ressortissant, Jean-Jacques Wondo, par la justice congolaise. Ce dernier a été reconnu coupable dans le cadre d’une tentative de coup d’État avortée qui a eu lieu en mai 2024.
L’annonce de cette mesure a été faite par le ministère belge des Affaires étrangères, qui a exprimé son mécontentement face à la décision de la Cour militaire de Kinshasa/Gombe, qui a confirmé le verdict initial prononcé en septembre 2024.
Bruxelles compte « examiner les conséquences de cette décision »
Dans un communiqué officiel, la diplomatie belge a fait part de sa « grande déception » et de son « incompréhension totale » face à cette condamnation. Bruxelles souligne l’importance de la situation pour les relations entre la Belgique et la République Démocratique du Congo (RDC). Le ministère a également précisé que cette condamnation ne serait pas prise à la légère et qu’elle pourrait avoir des répercussions importantes sur les relations bilatérales entre les deux pays.
« Nous allons examiner les conséquences de cette décision », a déclaré la Belgique, qui a par ailleurs convoqué l’ambassadeur de la RDC à Bruxelles pour exprimer ses préoccupations. Jean-Jacques Wondo, un homme d’origine congolaise et belge, fait partie d’un groupe de 37 personnes, dont plusieurs étrangers, condamnées à la peine capitale pour leur rôle présumé dans la tentative de coup d’État du 19 mai 2024. Parmi ces condamnés se trouvent cinq ressortissants étrangers, dont trois Américains, un Britannique et un Canadien.
« Manque manifeste de preuves crédibles »
Tous sont accusés d’avoir participé à un complot visant à renverser le gouvernement du président Félix Tshisekedi, bien que les détails exacts de cette tentative restent flous. La condamnation de Wondo et des autres prévenus a été confirmée par la Cour militaire de Kinshasa/Gombe après un procès en première instance qui a attiré l’attention internationale. Le gouvernement belge a suivi de près l’évolution de l’affaire, envoyant des observateurs à chaque étape du processus judiciaire.
Le rôle de l’ambassade belge à Kinshasa a été de garantir que les droits de la défense des accusés soient respectés et que le procès soit mené de manière juste et équitable. Cependant, selon le communiqué du ministère belge des Affaires étrangères, le procès a montré « une grande faiblesse des éléments présentés » et un « manque manifeste de preuves crédibles ». Le gouvernement belge a mis en avant l’importance de l’indépendance de la justice, tout en exprimant ses préoccupations quant à la manière dont le procès a été mené.
La Cour militaire confirme la peine capitale pour Wondo
Bruxelles a rappelé que l’ambassade belge à Kinshasa avait suivi scrupuleusement toutes les étapes de la procédure, du début à la fin, en veillant à ce que le droit à un procès équitable soit respecté. La Belgique a souligné qu’il était essentiel que la RDC garantisse les principes d’un procès transparent, conforme aux normes internationales de justice, et surtout, qu’il n’y ait pas de jugement hâtif fondé sur des preuves insuffisantes ou douteuses. Malgré ces préoccupations, la RDC a maintenu sa position, et la Cour militaire a prononcé sa décision finale, confirmant la peine capitale pour Wondo et les autres prévenus.
Le verdict a suscité une onde de choc, non seulement à Kinshasa et en Belgique, mais aussi au sein de la communauté internationale. Beaucoup s’interrogent sur les motivations sous-jacentes à cette condamnation, certains voient dans cette affaire un geste politique de la part des autorités congolaises. D’autres estiment que le procès a été entaché de vices de procédure et n’a pas respecté les normes d’un jugement impartial.
Les tensions diplomatiques entre la Belgique et la RDC
La Belgique, ancienne puissance coloniale en République Démocratique du Congo, entretient des relations diplomatiques souvent tendues avec le pays africain. L’affaire de la tentative de coup d’État et la condamnation de Wondo risquent d’ajouter un nouveau chapitre de tension dans cette relation déjà fragile. La Belgique a, par le passé, exprimé ses préoccupations sur la question des droits humains et de la démocratie en RDC.
Le cas de Jean-Jacques Wondo semble être la goutte de trop de ces divergences, en particulier en raison de la nature politique de l’accusation et du caractère dramatique de la peine capitale. Le ministère belge des Affaires étrangères a fait savoir que des discussions étaient en cours pour évaluer les conséquences diplomatiques de cette décision. Le climat de tensions diplomatiques entre la Belgique et la RDC intervient dans un contexte régional de plus en plus préoccupant, notamment en ce qui concerne la situation à Goma, dans l’Est de la RDC.
Le conflit à Goma : un contexte régional tendu
La ville est le théâtre de combats violents entre les Forces armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) et le groupe armé M23, soutenu par le Rwanda selon les autorités congolaises. Ce conflit, qui dure depuis plusieurs mois, a provoqué des milliers de déplacés et exacerbé les tensions entre la RDC et ses voisins, notamment le Rwanda. Les FARDC ont intensifié leurs opérations contre les rebelles du M23, mais la situation reste extrêmement volatile.
Le rôle présumé du Rwanda dans ce conflit a également ajouté une dimension internationale à la crise, avec des accusations de soutien militaire au groupe M23. La position de la Belgique sur ce dossier, en tant que membre de l’Union européenne, pourrait bien être influencée par l’évolution de la situation à Goma et par la manière dont la RDC gère à la fois les questions de sécurité intérieure et les relations diplomatiques avec ses voisins, y compris le Rwanda.