
Depuis le 15 avril 2025, la concession de l’ex-président Joseph Kabila, située à Limete, Kinshasa, fait l’objet d’une perquisition des services de sécurité, dans le cadre d’une enquête sur des possibles matériels militaires volés.
Une concession appartenant à l’ancien président de la République démocratique du Congo, Joseph Kabila, fait l’objet d’une perquisition intensive dans la commune de Limete, à Kinshasa. L’intervention, menée par des agents de l’ex-DEMIAP et de l’ANR, a été autorisée officiellement dès le second jour, avec pour objectif la recherche de matériel militaire présumé volé ou dissimulé. Ce site, bien que lié à l’ancien chef de l’État, n’est pas une résidence mais une concession à vocation logistique, comprenant des bureaux, des entrepôts et des conteneurs.
Des perquisitions qui tombent à point nommé
Cette opération n’est pas anodine : elle intervient dans un climat politique particulièrement tendu. Le président en exercice, Félix Tshisekedi, accuse en effet son prédécesseur d’être le cerveau occulte du mouvement rebelle M23, soutenu par le Rwanda et actif à l’est du pays. À cela s’ajoute l’annonce récente du retour imminent de Joseph Kabila sur le sol congolais, après plusieurs mois d’absence. Ces éléments ont relancé les spéculations sur les intentions politiques de l’ancien président et la stratégie de l’actuel pouvoir en place pour le contenir.
La concession perquisitionnée à Limete n’avait jusqu’ici jamais été fouillée. Mais ce n’est pas la première fois que des biens liés à Joseph Kabila attirent l’attention des services de sécurité. Ces trois dernières années, plusieurs sites affiliés à sa famille ont été la cible d’opérations similaires, notamment les locaux de la Fondation Laurent-Désiré Kabila, des biens de son frère Zoé Kabila, ou encore la société Egal, associée à son épouse Marie Olive Lembe.
Des fouilles en règle, mais fortement contestées
Selon les proches de la famille Kabila, les premiers agents auraient pénétré dans la concession sans ordre de mission, une irrégularité corrigée dès le lendemain avec la présentation d’un document officiel. Les fouilles ont concerné véhicules, entrepôts et conteneurs, la plupart loués à des hommes d’affaires indo-pakistanais. Aucun élément compromettant n’a été découvert à ce jour, les plaques des véhicules étant civiles, et les documents exigés remis par les gestionnaires. Un avocat représentant les intérêts de la famille était présent lors des opérations.
Par la voix de son conseiller en communication, Adam Shemisi, l’entourage de Joseph Kabila a dénoncé un “acharnement” et une “violation manifeste” des droits d’un ancien chef d’État, aujourd’hui sénateur à vie. Dans un communiqué, ils rappellent que la RDC est un État de droit et que toute action sécuritaire doit respecter les procédures légales. Une nouvelle perquisition serait d’ailleurs prévue au Parc de la Vallée de la Nsele (Kingakati), l’une des résidences privées emblématiques de Kabila.
Vers un bras de fer politique ?
Au-delà de l’enquête sécuritaire, cette série de perquisitions semble révéler une lutte d’influence entre l’actuel président et son prédécesseur. Tandis que Tshisekedi cherche à affermir son autorité avant les prochaines échéances, le nom de Kabila refait surface dans les cercles politiques et médiatiques. Le timing de ces opérations, coïncidant avec l’annonce de son retour, laisse présager une possible montée en tension entre les deux camps. Une affaire à suivre de près, tant elle mêle enjeux judiciaires, sécuritaires et politiques dans un pays encore en quête de stabilité.