RDC : peine de mort requise contre le colonel Mike Kalamba pour la répression de manifestants à Goma


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Des soldats congolais
Des soldats de la RDC

La Haute Cour militaire de la République Démocratique du Congo a requis, ce vendredi, la peine de mort contre le colonel Mike Kalamba Mikombe. Le gradé est accusé de meurtre pour son rôle dans la répression violente d’une manifestation à Goma, le 30 août 2023. Ce procès en appel fait suite à une condamnation initiale par la Cour militaire du Nord-Kivu.

L’Auditeur général, lors de son réquisitoire, a souligné la nécessité d’appliquer la peine capitale en raison de la gravité des actes commis. Il a fait appel à la théorie de la juxtaposition, arguant que la responsabilité collective des prévenus doit être retenue en raison de la difficulté à établir une culpabilité individuelle, notamment du fait que les co-accusés ont détruit les armes utilisées lors des faits. En plus de Mike Kalamba, trois autres co-accusés, Mbaya Mbaya Fabrice, Mwati Musembwa et Amita Daniel, ont été condamnés à 10 ans de prison chacun. La poursuite peine à établir qui a tiré sur les manifestants, ce qui a conduit à cette approche collective.

Parallèlement, la partie civile a sollicité 10 millions de dollars en réparation à l’État, qu’elle considère civilement responsable des actes de répression menés par les éléments de la garde républicaine. Les avocats de la défense, de leur côté, ont demandé un délai pour examiner les arguments présentés par le ministère public. Ce procès soulève des questions critiques sur les droits de l’homme en République démocratique du Congo et le comportement des forces de l’ordre face aux manifestations. Les attentions restent désormais tournées vers la décision finale de la cour, qui pourrait avoir des implications majeures sur la responsabilité des autorités militaires dans le pays.

Retour sur les faits qui ont endeuillé Goma

C’était le mercredi 30 août 2023. Les membres de la secte locale “Wazakendo” avaient décidé de tenir, à Goma, une marche de protestation contre la présence inefficace de la MONUSCO dans leur région. La répression a été sans commune mesure avec la manifestation. Les militaires ont tué des dizaines de manifestants non armés et fait de nombreux blessés. Les chiffres officiels présentés par le gouvernement faisaient état de 43 morts et 56 blessés dans le camp des manifestants, et d’un policier lynché par la foule.

Ce massacre, qui a suscité l’indignation dans le pays, a obligé les autorités à prendre des mesures fortes. Une commission interministérielle s’est rendue sur place, à Goma, pour « faire la lumière » sur les événements du 30 août et « dégager les responsabilités ». Quelques jours après leur forfait, six soldats sont traduits devant le tribunal militaire du Nord-Kivu. Il s’agit de deux officiers supérieurs et quatre soldats de deuxième classe : le colonel Kalamba Mikombe Mike, le lieutenant-colonel Dem Bawili Mbolitini Donatien et les soldats Kabamba Kabula Idriss, Mwati Musembua, Mbaya Mbaya Fabrice et Amita Bangala Daniel.

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Par Serge Ouitona, historien, journaliste et spécialiste des questions socio-politiques et économiques en Afrique subsaharienne.
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