Depuis le début de l’année, l’est de la République Démocratique du Congo (RDC) fait face à une intensification des violences, entraînant le déplacement de plus de 230 000 personnes, selon un rapport publié par l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR). Cette nouvelle vague de déplacements survient dans les provinces du Nord et du Sud-Kivu, déjà profondément marquées par des conflits armés récurrents. La situation humanitaire dans cette région est devenue l’une des plus préoccupantes au monde, avec des conséquences dramatiques pour des millions de civils pris au piège des affrontements entre forces armées congolaises et groupes armés non étatiques.
Une situation de plus en plus alarmante
Les violences qui secouent les provinces du Nord et du Sud-Kivu sont le résultat de plusieurs années de conflits, où des groupes armés locaux, ainsi que des mouvements rebelles étrangers, s’affrontent pour le contrôle de ressources naturelles, le pouvoir local ou l’influence politique. En 2025, l’intensification des combats a provoqué une nouvelle détérioration de la situation, avec des milliers de personnes forcées de quitter leurs maisons pour fuir les zones de combats.
Le HCR souligne que cette nouvelle escalade marque une aggravation dramatique de la crise humanitaire dans cette région, déjà l’une des plus touchées au monde par les déplacements forcés. Ces violences ont exacerbé les conditions de vie pour les populations locales, poussant encore davantage de personnes dans des situations précaires. Le Haut-Commissariat pour les réfugiés précise que près de 4,6 millions de personnes sont actuellement déplacées à l’intérieur de la RDC, ce qui fait du pays l’un des plus grands foyers de déplacés internes au monde.
Des déplacements qui n’en finissent pas
Les déplacements forcés sont loin d’être une nouveauté dans l’Est de la RDC, mais cette année, la situation semble atteindre un seuil critique. Les affrontements armés, principalement entre l’armée congolaise et divers groupes rebelles, se multiplient. Ce qui déstabilise encore davantage les communautés locales. Les civils se retrouvent au cœur de cette violence, contraints de fuir leurs foyers pour échapper aux combats. Cependant, malgré la violence omniprésente, des signes de fragilité dans la situation de sécurité ont permis, par moments, un retour temporaire des déplacés.
Par exemple, après une accalmie provisoire en janvier, environ 25 000 personnes ont pu retourner dans la région de Masisi-Centre, dans le Nord-Kivu. Mais cet espoir n’a été que de courte durée : les combats ont repris dès le 9 janvier, contraignant de nouveau les populations à fuir pour leur sécurité. Cette situation démontre l’instabilité persistante de la région, où les espoirs de retour des déplacés sont constamment anéantis par la reprise des affrontements. Les conditions de vie des personnes déplacées restent extrêmement précaires, sans accès constant à l’aide humanitaire, et dans des conditions de plus en plus difficiles.
Des racines complexes : les enjeux derrière la violence
L’origine de cette violence récurrente à l’est de la RDC remonte à plusieurs décennies et trouve ses racines dans des causes multiples : rivalités ethniques, exploitation des ressources naturelles, et ingérences étrangères. Les groupes armés, tant locaux qu’internationaux, ont longtemps utilisé la richesse minière de la région, notamment le coltan, le diamant et l’or, comme levier pour financer leurs activités militaires. Ce commerce des ressources naturelles a attisé les conflits, provoquant des affrontements incessants entre différentes factions. En outre, l’instabilité politique de la RDC a permis à des groupes rebelles de prospérer, notamment ceux issus des pays voisins comme le Rwanda et l’Ouganda.
Ces groupes, dont le plus médiatisé est le M23, luttent pour prendre le contrôle de territoires stratégiques, souvent au détriment des civils qui se retrouvent pris au piège. La présence de ces groupes a conduit à des violences systématiques, incluant des massacres, des viols et des recrutements forcés, laissant les populations sans protection. Les institutions locales et nationales sont dans une position difficile, souvent incapables de contrôler une situation qui échappe à leur autorité. L’armée congolaise, confrontée à de nombreux défis internes et externes, lutte pour maintenir l’ordre et protéger les civils dans un contexte de faiblesse institutionnelle. Ce vide sécuritaire est exploité par des groupes armés qui n’hésitent pas à semer la terreur.
Une réponse internationale insuffisante
Face à cette crise humanitaire, la communauté internationale, bien que présente à travers diverses missions humanitaires et de maintien de la paix, reste largement démunie. Le HCR, ainsi que d’autres organisations humanitaires, peinent à répondre efficacement à l’ampleur des besoins. Les accès aux zones de conflit sont souvent limités en raison de l’insécurité, et les financements pour les programmes d’aide sont insuffisants pour répondre à la demande croissante.
La situation est d’autant plus compliquée que la RDC, avec son immense territoire et son histoire marquée par la guerre, manque d’une structure étatique forte capable de maintenir la paix à l’échelle nationale. Les interventions internationales, bien que primordiales, ne parviennent pas à résoudre les causes profondes du conflit, notamment les rivalités ethniques et les enjeux liés aux ressources naturelles.