De nouvelles attaques menées par les rebelles ADF ont coûté la vie à une trentaine de personnes dans les territoires de Beni et Lubero, dans la province du Nord-Kivu. Une situation qui exaspère la population locale.
À l’Est de la RDC, le nombre de personnes qui perdent la vie, chaque semaine, par le fait des nombreux groupes armés se compte par dizaines. Au sein de ces groupes armés, les ADF ougandais figurent parmi les plus meurtriers. Entre dimanche et mercredi, ils ont encore fait parler d’eux à travers des attaques qui ont coûté la vie à 33 personnes au moins.
Un lourd bilan humain
Dans le seul territoire de Beni, 22 civils ont été abattus dans des villages du groupement de Batangi-Mbau. « Aujourd’hui, nous venons d’enregistrer 22 morts, mais la fouille n’est pas encore terminée. Mabuo (territoire de Lubero, ndlr), c’est la partie qui a été plus attaquée. Il y a également Beu et Makakwa. Voilà les trois parties qui ont été pour le moment attaquées. Mais Katerrain, Moliso, Manzombu et Njakia sont sous menace par rapport à la direction de l’ennemi », a confié à la presse le président de la société civile du territoire de Beni, Omar Kalisya. Il n’a pas manqué de préciser qu’une quinzaine de corps étaient déposés à la morgue de l’hôpital général de référence d’Oicha, chef-lieu du territoire de Beni.
À ces 22 personnes mortes déjà retrouvées s’ajoutent 11 autres tombées sous les armes des rebelles depuis lundi. C’est dans les villages de Ombole, Makopise, Ngoombe et Kengele dans le secteur de Bapere que ces 11 personnes ont été tuées. Selon les autorités locales, les FARDC et leurs alliés ougandais ont déjà pris en chasse les rebelles.
Les populations locales exaspérées
À la morgue de l’hôpital d’Oicha où les populations sont venues identifier et retirer les corps de leurs proches, la tristesse et la colère étaient perceptibles, ce jeudi. « Depuis dix ans, nous ne faisons que pleurer, et on ne sait plus quoi faire », a lâché un homme. « Ce gouvernement ne s’inquiète pas de notre malheur, des Congolais sont tués chaque jour, mais il reste silencieux », s’est indigné un autre. Même au sein de la société civile de Beni, le dispositif sécuritaire mis en place par les autorités est critiqué.
La société civile reproche aux autorités de n’avoir pas tenu compte de ses craintes. « Nous exprimons nos craintes quant aux dispositifs sécuritaires depuis longtemps », a laissé entendre Richard Kirimba, un membre de cette société civile. « Notre crainte, poursuit-il, était qu’on se concentre sur la menace du M23 et que le groupe ADF profite de cela ».