L’opposant congolais Etienne Tshisekedi Wa Mulumba est décédé le 1er février 2017 des suites d’une embolie pulmonaire, à Bruxelles. Pendant plus de deux ans, son corps n’a pas pu être rapatrié vers la République Démocratique du Congo. C’est finalement le 30 mai 2019 que son corps est rapatrié au pays, après l’accession de son fils à la magistrature suprême.
Du Maréchal Mobutu à Joseph Kabila, la carrière du premier docteur congolais en Droit a été marquée par une constance dans sa peau d’opposant. D’où son image de l’incarnation même de l’opposition congolaise.
Retour sur sa carrière politique
Etienne Tshisekedi est à la fois acteur et témoin de l’évolution de la politique congolaise. En 1965, il entre dans le gouvernement congolais et devient ministre de l’Intérieur et des Affaires coutumières du Président Joseph-Désiré Mobutu. Il prend part à la rédaction de la Constitution congolaise de 1967. La même année, il rédige, avec d’autres acteurs influents du pays, le manifeste de la Nsele, un document créant le Mouvement Populaire de la Révolution.
En 1980, il est membre d’un mouvement de 13 parlementaires qui rédige une lettre ouverte dénonçant la dictature de Mobutu. Plusieurs fois emprisonné, Etienne Tshisekedi participe, en 1982, à la fondation de l’Union de la Démocratie et le Progrès Social. Il est nommé plusieurs fois Premier ministre. Sa dernière nomination date de 1997, dans le dernier gouvernement du feu Maréchal Mobutu.
Si certains pensent qu’il était un homme constant en politique, l’histoire retiendra qu’en mars 1998, la commission congolaise l’avait déchu de son droit politique pour son rôle dans l’assassinat de Patrice Emery Lumumba, en 1961.
Après l’ère Mobutu, le sphinx de Limeté a disparu de la scène politique avant d’y réapparaître en grande pompe sous l’ère Joseph Kabila. De 2003 à 2006, l’opposant congolais refuse d’entrer dans le gouvernement de transition, boycotte le référendum sur la Constitution ainsi que les élections de 2006.
En 2011, Etienne Tshisekedi participe aux scrutins du pays mais arrive malheureusement à la deuxième position de ces élections organisées sur fond d’irrégularités. Il se considère tout de même comme président de la République. Il prête serment dans sa résidence, à Limeté, et eclut du parti les députés qui, malgré l’interdiction, ont signé au Parlement.
De 2014 à 2017, la vie de l’icône de l’opposition congolaise est marquée par des tractations avec d’autres partis de l’opposition, dont le G7 et le parti de Vital Kamerhe.
3 ans après sa mort, que reste-il de son parti l’UDPS ?
Pour le politologue Darkkabasele, sur le plan idéologique, ce parti reste présent dans la sphère politique du pays, mais il a quitté sa position de radicale pour celle de dialogue. « L’UDPS d’Etienne Tshisekedi n’est pas très diffèrent de celui de Kabund et Félix. Après la mort du Sphinx, les deux jeunes précédemment cités ont apporté du sang neuf dans ce parti. Leur prise en compte de l’approche du dialogue et de concession a payé cash. Aujourd’hui, l’UDPS gère le pays après plusieurs années dans l’opposition. L’idéologie a évolué en fonction des enjeux du moment », indique-t-il
Contrairement à d’autres leaders, Etienne Tshisekedi n’est pas parti avec sa formation politique. Malgré la défection de quelques caciques dont l’ancien Premier ministre Bruno Tshibala, Valentin Mubake, l’Union pour la Démocrate le Progrès Social n’a pas disparu du paysage politique. La preuve reste son ascension à la magistrature suprême, en décembre 2018.
Certes, plusieurs observateurs doutent de la crédibilité des élections qui ont conduit ce parti à la gestion du pays, mais une chose est sûre, l’UDPS a quitté le statut d’un parti d’opposition pour un parti de la majorité présidentielle.