C’est sans conteste l’une des phrases clés de l’édition 2016 de l’Africa CEO Forum qui s’est déroulée les 21 et 22 mars à Abidjan, la capitale ivoirienne. Invité du panel sur l’intégration régionale aux côtés d’Akinwumi Ayodeji Adesina, le président de la BAD, et de Mohamed Boussaid, le ministre marocain de l’Economie, Moïse Katumbi a rappelé la nécessité d’agir concrètement pour assurer au continent africain la croissance partagée qui lui fait actuellement défaut. Il a également insisté sur les réformes à mettre en œuvre en RDC pour en garantir le développement. Ce qui a été possible au Katanga hier, alors qu’il en était le très populaire Gouverneur, pourrait bien être possible demain à l’échelle de toute la RDC.
Son intervention aura été l’une des plus marquantes de la dernière édition de l’Africa CEO Forum, qui a eu lieu cette année, pour la première fois, en Afrique. « Visiblement, la popularité de Moïse Katumbi excède largement les frontières du Congo-Kinshasa », s’amuse l’un des participants. De l’avis général, le dernier Gouverneur de l’ex-Katanga aura été, comme à l’accoutumée dans ce type d’exercice, à la fois pédagogue et concret sur la forme, original et innovant sur le fond. « Incontestablement, il a été l’une des principales « attractions » de cet événement », note un de nombreux intervenants de ce rendez-vous devenu incontournable au fil du temps.
« Il a une pensée très moderne », « il est business oriented », « c’est l’homme qu’il faut pour diriger un pays en Afrique aujourd’hui », pouvait-on entendre après son intervention dans le cadre d’un panel sur l’intégration régionale en Afrique auquel il était invité à participer. A cette occasion, Moïse Katumbi a mis l’accent sur les nombreuses réformes à entreprendre pour faire bénéficier un plus grand nombre d’Africains des fruits de la croissance, ainsi que sur l’utilité de s’inspirer de ce qui fonctionne dans le secteur privé pour y parvenir. Selon lui, les opérateurs économiques ne doivent ainsi pas hésiter à faire part des problèmes qu’ils rencontrent pour investir en Afrique. « Il faut encourager la compétition et investir dans la production locale », a-t-il déclaré avant d’ajouter : « si on ne prend pas de risques, on ne peut pas réussir dans la vie ». « Il faut savoir faire la différence entre la peur et le risque », a-t-il martelé, déclenchant les applaudissements nourris du public.
« Moïse Katumbi nous dit à nous, Africains : « ayez confiance en vous ! » »
Mais on a assisté à un véritable tonnerre d’applaudissements lorsque, répondant à la question d’un opérateur économique qui expliquait avoir fait ses études en Europe et aux Etats-Unis, Moïse Katumbi a rétorqué : « nous, Africains, devons corriger cela. Nous devons faire des études dans d’autres pays africains. Si un Congolais vient étudier au Maroc, il va faire rester en Afrique, copier le modèle marocain ». Et de conclure en un mot, désormais culte : « l’Afrique doit s’inspirer de l’Afrique. C’est le plus important ». « C’est une manière de rappeler que notre continent doit avoir confiance en lui ; que les bonnes solutions existent également chez nous », décrypte l’un des organisateurs du Forum. « Moïse Katumbi nous dit à nous, Africains : « ayez confiance en vous ! » », analyse un participant, entrepreneur dans le secteur de l’agroalimentaire en Afrique de l’Ouest.
Extrait de l’intervention de Moïse Katumbi lors de l’ACF 2016 : https://www.youtube.com/watch?v=s1S2n9qskSM&feature=youtu.be
Pragmatique et prenant le contrepied des autres intervenants, le président du Tout Puissant Mazembé a également affirmé que « l’intégration (devait) d’abord être nationale avant de s’étendre à la région puis au continent ». Une manière sans doute de rappeler que dans son pays, la RDC, le plus étendu et le plus peuplé d’Afrique francophone, tout restait encore à faire pour désenclaver les provinces les unes par rapport aux autres. Pour nombre de ses compatriotes, Moïse Katumbi, dont le bon bilan à la tête de l’ex-Katanga est unanimement reconnu, pourrait dans un proche avenir être l’homme qui conduirait un tel chantier. A condition bien sûr que l’élection présidentielle se tienne bien fin 2016, comme l’impose la Constitution.