« Monsieur le Président, suivez mon exemple ! ». C’est, semble-t-il, le message que le populaire Gouverneur du Katanga a voulu délivrer à Joseph Kabila, le chef de l’État congolais, ce mercredi 18 mars 2015 au matin, lors d’une interview sur Radio Okapi.
En réponse aux notables du Haut-Katanga qui lui demandaient de rester au poste de Gouverneur de leur province, Moïse Katumbi a déclaré : « Je ne suis pas le seul Congolais à pouvoir diriger cette province. Il faudrait l’alternance », avant de poursuivre : « J’ai été Gouverneur pendant huit ans, c’est beaucoup. Sinon, je vais violer la Constitution ». Le message est on ne peut plus clair…
Joseph Kabila est en effet soupçonné, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays, de vouloir se maintenir au pouvoir soit en modifiant la Constitution – un scénario difficile à mettre en œuvre depuis le précédent burkinabé et les événements de janvier dernier à Kinshasa – soit en gagnant du temps, par exemple en surchargeant le calendrier électoral d’ici à fin 2016, date prévue pour la tenue du scrutin présidentiel.
« Je suis en train de partir car je dois privilégier la démocratie de notre pays. (…) Vous savez, pour moi, la politique n’est pas un métier. Il faut savoir arriver et savoir partir », poursuit Moïse Katumbi. » (…) « Quand on entre en politique, on ne peut pas terminer tous les projets… Il faut commencer quelques projets et laisser d’autres projets à d’autres. (…) Sinon, on reste éternellement au pouvoir ».
À travers cette interview à Radio Okapi, le Gouverneur du Katanga a sans doute tenu à clarifier sa ligne politique, dont la cohérence a été mise à mal ces derniers jours. Dans un entretien donné ce lundi à RFI et France 24, certains de ses propos ont été diversement perçus tant dans les médias proches de l’opposition que sur les réseaux sociaux.
Alors que beaucoup spéculaient sur une prise de distance entre les deux hommes, le Gouverneur du Katanga aurait cherché à ménager le chef de l’État mais aussi le PPRD (« c’est le Président Kabila qui a apporté la démocratie dans notre pays » ; « le PPRD est là pour faire respecter la démocratie »). Des paroles, en réalité, sans doute destinées à inciter subtilement Joseph Kabila à respecter la Constitution, sans jeter de l’huile sur le feu et « aller au clash ».
Désormais, la stratégie de Moïse Katumbi se dessine peu à peu. Celui-ci a, semble-t-il, décidé de « jouer le jeu » jusqu’au bout. Il devrait donc rester au PPRD (parti dont il est membre de longue date) jusqu’à son prochain Congrès pour tenter, comme il l’a dit, de « faire respecter la démocratie » en son sein. Mais s’il n’y parvenait pas et si le Président actuel décidait de prolonger son mandat au-delà du terme constitutionnel, il pourrait bien siffler la fin de la partie et se trouver un avenir ailleurs.