L’opposant congolais Seth Kikuni a été transféré, ce samedi, à la prison centrale de Makala. En dépit de toutes les protestations et de la manifestation organisée, mercredi dernier, par le cadre de concertation des forces politiques et sociales.
L’opposant politique Seth Kikuni a été transféré de l’Agence nationale des renseignements (ANR) où il était détenu, depuis le 13 septembre, à la prison centrale de Makala. Dès qu’il a reçu l’information, le cadre de concertation des forces politiques et sociales s’est fendu d’une nouvelle déclaration pour exprimer son indignation et exiger une fois de plus la libération de l’opposant. « Le cadre de concertation des forces politiques et sociales condamne avec véhémence le transfert illégal, ce 27 septembre 2024, du président Seth Kikuni à la prison centrale de Makala, alors que son dossier est manifestement vide et ne justifie aucune poursuite », lit-on dans le texte.
Le cadre de concertation reste droit sur sa ligne
Depuis la mise aux arrêts du président du parti « Piste pour l’émergence », plusieurs formations politiques et mouvements de la société civile n’ont cessé de crier à l’injustice. Dans ce sens, le cadre de concertation des forces politiques et sociales a tenu, mercredi dernier, un sit-in devant le Palais de justice de Kinshasa pour non seulement exiger la remise en liberté de Seth Kikuni, mais également celle d’autres prisonniers politiques comme Jean-Marc Kabund ou encore Mike Mukebayi. À l’issue de la manifestation, une déclaration a été remise au ministre de la Justice, accusant le Président Félix Tshisekedi de vouloir « museler les opposants » et de « faire taire les voix dissidentes ».
Mais pour l’instant, ces actions restent sans effet, puisqu’aucun des prisonniers concernés n’a été libéré. Bien au contraire ! Seth Kikuni vient d’être installé dans les locaux de Makala. Pour le cadre de concertation, c’est de l’acharnement pur et simple. « L’acharnement dont il est victime n’a aucune base légale et ne sert qu’à museler une fois de plus une figure engagée dans la lutte pour un Congo libre et juste. Cette manœuvre autoritaire témoigne de la dérive répressive du régime qui instrumentalise la justice pour étouffer l’opposition et intimider les citoyens. Nous exigeons la libération immédiate et sans condition de Seth Kikuni », insiste le communiqué publié hier.
La RDC, un bon candidat pour le Conseil des droits de l’Homme ?
Ces détentions récurrentes d’opposants sous divers chefs d’accusation (« insulte au chef de l’État » et « propagation de fausses rumeurs » pour Mike Mukebayi, « incitation à la désobéissance civile » et « propagation de fausses rumeurs » pour Seth Kikuni) posent sérieusement la question du respect des libertés d’expression et d’opinion en RDC. Et par ricochet, celle du respect des droits humains en général. Un pays qui est pourtant candidat pour siéger au Conseil des droits de l’Homme de l’ONU. Dans ces conditions, la levée de boucliers observée dans le pays pour dénoncer la candidature du pays ne surprend guère.
Dans cette semaine, la Fondation Bill Clinton pour la paix (FBCP) et un groupe de partis d’opposition au régime de Félix Thsisekedi, ont, successivement, attaqué frontalement la candidature de la RDC à cette institution en charge de la défense des droits humains. De l’argumentaire présenté par les deux parties, il ressort que la RDC est loin d’être un modèle en matière de respect des droits humains. Par conséquent, admettre un tel pays pour siéger dans une telle institution pourrait, à leur avis, nuire à la réputation du Conseil des droits de l’Homme.