Le célèbre docteur Denis Mukwege qui vient en aide aux femmes violées dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC) a tiré la sonnette d’alarme mardi contre les viols massifs qui se poursuivent.
Le docteur Denis Mukwege est révolté ! Le célèbre gynécologue obstétricien s’est indigné mardi lors d’une conférence au centre culturel belge Wallonie-Bruxelles à Kinshasa contre la poursuite massif des viols dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC). « Le redéploiement des groupes armés se fait sur le corps des femmes », a-t-il déclaré.
Selon lui, « l’année 2013 a mal commencé » avec la persistance de l’insécurité dans la région. « Il y a juste quatre jours, on m’a appelé pour soigner, examiner, une petite fille. Une petite fille de six ans qui avait été violée ». « Quand vous écoutez le langage, pour exprimer ce qui s’est passé, d’une petite fille de six ans… Comme adulte, tout ce que ça crée en vous… Vous vous révoltez ! Vous dites : ce n’est pas possible ! », fustige-t-il.
Des viols massifs qui ont le même impact que les guerres classiques
Pour le gynécologue, « ces viols méthodiques, systématiques et massifs ont le même impact que les guerres classiques, détruisant le tissu social et économique du pays ». Il estime que la seule solution est que les victimes de ces violences soient prises en charge et que la communauté internationale se mobilisent pour mettre un terme à ce fléau qui cause d’énormes souffrances aux femmes depuis plusieurs années.
Le docteur Mukwege est mondialement connu pour son action au Bukavu. Il a fondé l’hôpital Pandu pour secourir les femmes victimes de viol causés par les groupes armés présents dans l’est du pays. En moyenne, 300 femmes se rendent chaque mois dans son hôpital, qui dispose de 300 lits, pour être soignées. Son nom a été suggéré plusieurs fois pour le prix Nobel de la paix. Il a également obtenu le prix de l’ONU pour les droits de l’Homme.
Un docteur dévoué
Le docteur régulièrement menacé par les milices s’était exilé en Belgique avant de rentrer à nouveau le 14 janvier dernier dans sa région pour poursuivre son travail. Il réclame que les autorités congolaises et la force de l’Onu en RDC (Monusco) assurent sa sécurité, ainsi que celle de ses filles et sa femme qui vivent dans son hôpital.
« Nous ne sentons pas en sécurité. Je ne suis pas retourné (en RDC, ndlr) pour être un martyr, j’y suis retourné pour faire mon travail. (…) Si je vous dit que je n’ai pas peur, je suis en train de mentir, a-t-il confié à RFI.» Le conflit dans l’est de la RDC fait chaque année plusieurs milliers de victimes. Les femmes sont les premières à subir les attaques des groupes armés.