Alors que Corneille Nangaa, le président de la Commission électorale nationale indépendante (Céni), a expliqué dimanche que les élections ne pourraient être techniquement organisées avant la date-butoir prévue du 31 décembre 2017, en raison des retards dans l’inscription de millions d’électeurs, les États-Unis ont répondu, ce mardi, qu’ils imposeraient des sanctions unilatérales ciblées à quiconque entravait ou retardait la préparation des élections en République démocratique du Congo.
La réaction américaine aux déclarations du Président de la Ceni ne se sont pas faites attendre. Les élections présidentielle, législatives et provinciales en République démocratique du Congo (RDC) doivent se tenir « au plus tard en décembre 2017 » sauf à ce que que le Conseil national de suivi de l’accord, le gouvernement et la commission électorale, décident ensemble à l’unanimité de repousser cette date. La déclaration de Corneille Nangaa est donc jugée sans valeur et les États-Unis considèrent que des retards supplémentaires pourraient déclencher des troubles en raison de manifestations anti-gouvernementales. L’opposition a d’ailleurs rapidement dénoncé l’annonce de la Ceni comme une déclaration de guerre.
« Nous sommes prêts à prendre des mesures supplémentaires pour sanctionner ceux qui empêchent la première transition démocratique de la RDC« , a déclaré le vice-ambassadeur américain aux Nations Unies Michele Sison au Conseil de sécurité de l’ONU.
Les États-Unis ont imposé des sanctions à plusieurs responsables congolais l’année dernière – bloquant tout actif financier aux États-Unis et empêchant généralement les Américains de s’engager dans des transactions financières avec eux. « Le Conseil de sécurité devrait également envisager des sanctions ciblées pour réduire la violence en RDC et aider à faire pression sur toutes les parties prenantes pour qu’ils jouent un rôle plus constructif dans le déménagement du pays« , a déclaré Sison.
En vertu d’un accord conclu le 31 décembre entre les représentants du pouvoir et les dirigeants de l’opposition, Kabila, au pouvoir depuis 2001, ne doit pas changer la constitution pour prétendre à un troisième mandat et des élections doivent se tenir avant la fin de l’année pour favoriser une transition démocratique.
Environ 80 000 personnes ont fui les combats entre l’armée congolaise et une nouvelle coalition rebelle, ont déclaré mardi les Nations Unies. Le chef du maintien de la paix des Nations Unies, Jean-Pierre Lacroix, a déclaré au Conseil que l’aggravation de la violence avait entraîné une forte augmentation de 26% du nombre de personnes déplacées au cours des deux derniers mois pour atteindre 1,3 million rappelle Al Jazeera.
Une commission d’enquête de l’ONU a été créée pour enquêter sur les meurtres au Kasaï, tandis qu’un autre groupe de l’ONU se prépare à publier ce mois-ci les conclusions de son enquête sur le meurtre de deux experts de l’ONU.