Contre toute attente, les rebelles du M23 ont annoncé qu’ils étaient prêts à déposer les armes sous conditions toutefois. Mais ce n’est pas la première fois que la rébellion se dit disposée à enterrer la hache de guerre. Est-ce une énième annonce?
Sont-ils réellement prêts à enterrer la hache de guerre ? Les rebelles du M23, en confrontation avec l’armée congolaise dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), par la voix de leur président Bertrand Bisimwa, ont dit dimanche être disposés à déposer les armes, sous toutefois deux conditions. La première : la neutralisation de la milice hutue du Front de libération du Rwanda (FDLR). Les membres de cette rébellion se sont réfugiés dans l’est de la RDC pour fuir la répression du régime de Kagamé à leur encontre, suite au génocide rwandais de 1994. Kigali les accuse de vouloir déstabiliser le régime rwandais. La deuxième condition émise par le M23, c’est le retour des réfugiés tutsis qui vivent dans des camps au Rwanda, Burundi et Ouganda. D’ailleurs la rébellion du M23 justifie en partie sa présence dans l’est de la RDC, arguant qu’elle protège les tutsis présents dans la région des rebelles hutus du FLDR, qui les menaceraient.
Selon Bertrand Bisimwa, le M23 n’est pas intéressé « par une intégration au sein de l’armée congolaise ni au sein du gouvernement congolais. Cette armée n’est pas attrayante », a-t-il renchéri. « Le M23 est donc prêt à démobiliser et à rentrer dans la vie civile », a-t-il précisé. Mais ce n’est pas la première fois que le M23 tient de tels propos, évoquant l’enterrement de la hache de guerre et le retour à la vie civile. Le 2 septembre, le porte-parole militaire du M23, Vianney Kazarama, avait déclaré que son mouvement était prêt à « déposer les armes, mais ne le ferait que si Kinshasa répondait à sa revendication légitime ». De son côté, Kinshasa est réticent à négocier avec la rébellion, accusée d’être responsable de multiples exactions dans l’est du pays. Un dialogue de sourds semble donc s’être installé entre les deux parties.
Dialogue de sourds entre Kinshasa et le M23
Le M23 a vu le jour en mai 2012, au Nord-Kivu. Il est né d’une mutinerie d’anciens miliciens tutsis qui avaient été réintégrés dans les Forces armées de la RDC (FARDC), en 2009. Ces derniers étaient issus de l’ex-rébellion du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP) qui revendiquait l’application de l’accord de paix qu’il a scellé en 2009 avec le gouvernement congolais. Un accord qui prévoyait l’intégration des cadres de cette rébellion dans les institutions de la République et le rapatriement des réfugiés.
Les violences et crimes particulièrement atroces ne cessent de s’amplifier dans l’est du pays. Depuis sa naissance, le M23 est régulièrement accusé par des ONG de commettre des exactions et de terroriser les populations dans l’est du pays. L’armée congolaise est aussi pointée du doigt pour des violations des droits de l’Homme commises dans la région. Kigali est également incriminé par l’ONU qui l’accuse de soutenir le M23, en lui fournissant armes et munitions. Allégations que le régime de Paul Kagamé a toujours rejetées, malgré les preuves que l’ONU affirme détenir.