Deux semaines après avoir pris Masisi, la capitale du territoire de Masisi, dans la province du Nord-Kivu en RD Congo, les rebelles du M23 ont capturé, ce mardi 21 janvier, une autre ville, cette fois dans la province du Sud-Kivu. Ils ont contraint les forces gouvernementales et les milices alliées à battre en retraite.
Minova, la nouvelle ville prise par les rebelles, est un pôle commercial situé au bord du lac Kivu, dans le territoire de Kalehe, à environ 45 kilomètres de Goma, la capitale de la province du Nord-Kivu. Selon certaines informations, les forces gouvernementales congolaises (FARDC) et leurs alliés de la coalition, notamment des soldats burundais, de nombreuses milices congolaises et la milice FDLR, disposent de bases sur le territoire de Kalehe.
Le groupe rebelle M23, qui fait partie de l’Alliance du fleuve Congo (AFC), s’est déjà emparé de grandes parties de territoire dans la province du Nord-Kivu dans le cadre d’un conflit militaire qui fait rage depuis fin 2021. La chute de Minova pourrait mettre Goma, une ville clé dans l’Est du pays sous pression car les rebelles ont désormais coupé une importante route d’approvisionnement vers la capitale de la province du Nord-Kivu, la principale ville de l’Est de la RD Congo.
Des combattants du M23 marchent dans la ville de Minova
Des combats entre les rebelles et la coalition gouvernementale ont été signalés, lundi, à Kalehe. Des vidéos partagées sur les réseaux sociaux mardi matin montraient des hommes en tenue militaire, apparemment des combattants du M23, marchant dans la ville de Minova, entourée d’une foule de civils en liesse. Dans une vidéo, un combattant rebelle identifié comme le colonel Nsabimana, qui est apparemment originaire du territoire de Kalehe, est vu en train de dire aux habitants que les rebelles étaient « prêts à enseigner la bonne conduite militaire aux MaiMai [milices] locales ».
« Même un soldat des FARDC, qui a caché qu’il est notre frère, lui aussi sera le bienvenu », a déclaré Nsabimana dans un mélange de swahili et de lingala, ajoutant que les rebelles du M23 sont prêts à travailler avec leurs compatriotes, y compris les troupes gouvernementales. « Ceux avec lesquels nous ne dialoguerons pas sont les FDLR. Ce sont des Rwandais qui devraient rentrer dans leur pays », a-t-il déclaré.
Ravages dans l’Est de la République Démocratique du Congo
Les FDLR sont un groupe terroriste sanctionné par l’ONU, fondé par les restes des auteurs du génocide de 1994 contre les Tutsis. L’une des plus de 200 milices qui font des ravages dans l’Est de la République Démocratique du Congo, la milice a lancé des attaques sur le territoire rwandais au cours des deux dernières décennies. Elle est accusée de propager des discours de haine, de l’idéologie du génocide et de persécuter les communautés congolaises Tutsi et Banyamulenge dans l’Est de la République Démocratique du Congo.
Le gouvernement rwandais demande, depuis des années, au gouvernement congolais de désarmer de manière décisive les FDLR et de rompre les liens avec le groupe qui est au cœur de l’insécurité dans la région, en vain.