En RDC, le verdict du procès du journaliste Stanis Bujakera est attendu pour ce mercredi 20 mars 2024. En prélude à ce verdict, les professionnels congolais des médias ont donné une conférence de presse, ce lundi, pour appeler à une mobilisation générale afin de faire barrage à l’injustice.
Ce lundi, les organisations des professionnels des médias ont tenu une conférence de presse commune pour appeler à la mobilisation, mercredi, jour où le verdict du procès du journaliste Stanis Bujakera sera connu. Les professionnels des médias sont invités à se mobiliser, le mercredi, devant la prison centrale de Makala où est détenu leur collègue depuis plus de six mois. Au nombre des organisations réunies ce lundi, il y avait notamment : Journaliste en Danger, l’Union Nationale de la Presse du Congo, l’Association Nationale des Entreprises Audiovisuelles Privées, l’Association Nationale des Éditeurs de la République Démocratique du Congo, l’Union Congolaise des Femmes des Médias, l’Association des Médias d’Information en Ligne et Journaliste en Action.
Les journalistes réclament justice pour leur collègue
Les organisations des professionnels des médias ont unanimement condamné l’arrestation injustifiée de Stanis Bujakera. « En tout état de cause et, quel que soit le verdict qui sera prononcé à son sujet, ce mercredi 20 mars 2024, l’histoire retiendra que ce journaliste était innocent de toutes les accusations portées contre lui. Que le procès de Stanis Bujakera était un procès politique. Son arrestation et sa détention pendant plus de 6 mois constituent des plus graves atteintes à la liberté de presse et d’expression que les autorités congolaises pouvaient commettre et elles l’ont fait », ont déploré les professionnels des médias.
Et d’ajouter : « Face aux périls qui menacent désormais les fondements mêmes de la démocratie dans notre pays, nous, journalistes et professionnels des médias congolais, nous devons rester mobilisés contre toute tentative de confiscation ou remise en cause de nos espaces de liberté chèrement conquis. Car, à travers le procès Stanis Bujakera, c’est l’avenir de la presse libre et indépendante qui est en danger ».
Pour les collègues de Stanis Bujakera, il n’y a pas de raison que le journaliste soit maintenu en prison dès lors que la partie accusatrice n’a pas pu exhiber la moindre preuve pour justifier ses accusations. C’est ce que dit très clairement le secrétaire général de Journaliste en Danger, Tshivis Tshivuadi : « Nous avons suivi les accusations du ministère public et les plaidoiries des avocats. Jusqu’à la clôture de ces plaidoiries, le ministère public n’a pas été en mesure de démontrer preuve à l’appui ses accusations. Il n’a pas apporté des preuves de tout ce dont il accusait Stanis d’avoir fabriqué de faux documents ou d’avoir falsifié des documents officiels ».
20 ans de prison requis contre le journaliste
Malgré cette absence de preuves, le ministère public a quand même requis, lors de l’audience du 8 mars 2024, une peine de 20 ans d’emprisonnement ferme contre le journaliste en plus d’une amende de 1 million de francs congolais. Le malheur de Stanis Bujakera, directeur de publication adjoint du média en ligne Actualite.cd et correspondant en RDC de Jeune Afrique et de l’Agence Reuters, a commencé en septembre 2023 dans le sillage de l’enquête sur la mort du député Chérubin Okende. Placé en garde à vue depuis le vendredi 8 septembre 2023 où il a été arrêté à l’aéroport de Ndjili, alors qu’il était en partance pour Lubumbashi, Stanis Bujakera est déposé en prison, le lundi 11 septembre 2023.
Cette décision avait fait suite à une audition du journaliste par le parquet de Kinshasa. Les autorités lui reprochent la « propagation de faux bruits » et la « diffusion de fausses informations ». En réalité, Stanis Bujakera est accusé d’avoir « fabriqué et distribué » un document attribué à l’Agence nationale des renseignements, et qui décrivait les circonstances de la mort de Chérubin Okende. Une accusation jamais étayée par des preuves, mais qui a valu le maintien en prison du journaliste, avec rejet de toute demande de mise en liberté provisoire. La mobilisation nationale et même internationale n’a rien changé à la situation du professionnel des médias. Même l’annonce faite le 22 février par le Président Félix Tshisekedi de s’impliquer finalement dans le dossier n’a rien changé.