Les participants de la conférence de paix dans les Kivu, région de l’est de la République démocratique du Congo, se sont engagés ce mercredi à déposer les armes. C’est la première fois que tous les belligérants, engagés dans un conflit régional, acceptent de signer un accord de paix depuis la fin de la guerre en 2003.
Les participants à la conférence de paix dans les Kivu ont ratifié mercredi un « acte d’engagement » pour l’arrêt immédiat des hostilités dans les régions de l’est de la République démocratique du Congo (RDC). C’est la première fois que toutes les parties impliquées dans les conflits, aussi bien dans le Nord et le Sud du Kivu, signent un accord de paix, notamment Laurent Nkunda, le leader du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP), le principal mouvement rebelle du Nord-Kivu, et les milices Maï Maï.
Depuis 2007, les combats, les viols, les enrôlements forcés d’enfants ont contraint, selon les Nations unies, près de 800 000 personnes à fuir les villages du Nord-Kivu. Une région où s’affrontent, dans une certaine indifférence, les fidèles de général déchu Laurent Nkunda et les Forces armées congolaises (FARDC). Selon John Holmes, le coordinateur des secours d’urgence de l’ONU, interrogé ce mardi, par le quotidien Le Monde, « cette crise n’est pas moins importante que celle du Darfour, ni moins lourdes de conséquences inacceptables pour des millions d’innocents, et elle ne devrait pas faire l’objet d’une attention moindre de la part des autres chancelleries du monde ».
Des civils toujours plus en danger
La RDC peine à se sortir d’une crise humanitaire que la fin de la guerre en 2003 n’a pas pu endiguer. Elle a coûté la vie à près de 5,4 millions de personnes depuis le début du conflit en 1998, selon une enquête de l’International Rescue Comittee « Les pertes du Congo sont équivalentes à la mort au cours d’une décennie de la population du Danemark. Bien que la guerre du Congo se soit formellement achevée il y a cinq ans, les luttes en cours et la pauvreté continuent à se traduire par un bilan stupéfiant », a indiqué George Rupp, le président de l’organisation humanitaire qui a publié mardi un rapport sur la situation en RDC.
Les humanitaires ont également constaté « une augmentation du ciblage délibéré des civils ». La mission des Nations unies au Congo (Monuc) a confirmé que « des centaines d’enfants continuent d’être envoyés sur la ligne de front par des groupes armés au Nord-Kivu », où certains font office « d’esclaves sexuels » ou de porteurs. La Monuc devrait d’ailleurs voir ses effectifs renforcer dans le cadre des accords de paix conclus ce mercredi. L’acte d’engagement prévoit un déploiement de Casques bleus afin de veiller au cessez-le-feu et sécuriser les populations civiles.
Leur sort préoccupe beaucoup l’ONU qui note une « exacerbation de la connotation ethnique du conflit » due au génocide rwandais de 1994. Laurent Nkunda se présentant comme le défenseur des Tutsis congolais, contre les hutus du Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), qui ont trouvé refuge en RDC après l’arrivée au pouvoir au Rwanda du Front patriotique rwandais (FPR), un mouvement tutsi. Le général rebelle accuse l’armée congolaise de soutenir les FDLR tandis que le gouvernement de Kinshasa le soupçonne d’être armé et financé par Kigali. Si les belligérants de la région des Kivu tiennent les engagements pris ce mercredi à la conférence de paix de Goma, inaugurée le 6 janvier dernier, à laquelle plus d’un millier de personnes ont pris part, ce sera la fin de l’un des plus importants foyers de violences de la grande et instable RDC.