
En République démocratique du Congo, trois hauts cadres du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD) ont été convoqués. Ils ont été auditionnés par l’auditorat militaire supérieur de Kinshasa.
Accusés de collusion avec les rebelles du M23/AFC, ces figures du parti de l’ex-président Joseph Kabila ont finalement été relâchées sans charges retenues contre elles. Retour sur cette audition qui suscite de vives réactions.
Une convocation qui interroge
Le 10 mars, Aubin Minaku, vice-président du PPRD, Emmanuel Ramazani Shadary, secrétaire permanent, et son adjoint Ferdinand Kambere se sont présentés à l’auditorat militaire supérieur de Kinshasa. L’objet de leur convocation restait flou. Il était mentionné simplement une nécessité « d’éclairer la justice ». Cependant, les soupçons pesant sur eux concernaient des liens présumés avec les rebelles du M23/AFC, un groupe armé qui opère dans l’Est du pays avec le soutien de l’armée rwandaise.
Des interrogations autour des déclarations du PPRD
Les questions posées aux trois cadres du parti de Joseph Kabila auraient porté principalement sur des propos tenus par Aubin Minaku lors d’une réunion du PPRD. Il aurait évoqué la fin des « opérations clandestines ». C’est cette déclaration que la justice congolaise a souhaité clarifier. Ferdinand Kambere estime que ces propos ne concernent en rien le M23. Il affirme que l’opposition agit dans le cadre républicain. Le but est de reprendre le pouvoir tout en respectant la Constitution et les principes démocratiques.
Entre dénonciation et satisfaction
À leur sortie, après plusieurs heures d’audition, les cadres du PPRD ont refusé de remettre leurs téléphones aux enquêteurs. Cet acte a conduit à une clarification immédiate sur leurs droits. Aucune infraction n’a été retenue contre eux, et ils ont pu regagner leurs domiciles dans la soirée.
Toutefois, cette audition n’a pas manqué de provoquer des remous au sein du parti. Le PPRD dénonce une tentative d’intimidation politique pour freiner son retour sur la scène nationale. Arlette Odia, avocate et membre du parti affirme que cette initiative judiciaire ne serait qu’une manœuvre destinée à fragiliser l’opposition.
Un climat politique sous tension
Cette convocation s’inscrit dans un contexte marqué par la récente sortie médiatique de Joseph Kabila, qui a suscité de nombreuses réactions. L’ancien président, silencieux depuis plusieurs années, a exprimé sa volonté de voir son parti reprendre une place prépondérante dans le paysage politique congolais.
L’audition des cadres du PPRD traduit une tension croissante entre l’opposition et les autorités en place. Le parti se félicite du « professionnalisme des magistrats » dans cette affaire. Il reste néanmoins vigilant quant aux éventuelles pressions politiques à venir.