
Entre le Président de la RDC, Félix Tshisekedi, et son prédécesseur, Joseph Kabila, la tension continue de monter. Ce mercredi 23 avril, le Parti du Peuple pour la Reconstruction et la Démocratie (PPRD), fondé par l’ancien chef de l’État, a dénoncé dans un communiqué ce qu’il qualifie de « pillage systématique » de son siège national, situé sur l’avenue Pumbu à Gombe, au centre de Kinshasa.
Selon le PPRD, l’attaque de son siège serait l’œuvre d’éléments identifiés comme appartenant à la milice dite « Forces du Progrès », réputée proche de l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS), formation politique de l’actuel chef de l’État. « En ce moment même, le siège national du PPRD est l’objet d’un pillage systématique orchestré par les éléments de la milice dite Forces du Progrès, affiliée au parti au pouvoir, l’UDPS, et cela en présence et sous le regard complice des forces de sécurité de l’État », dénonce la formation politique sur ses réseaux sociaux.
Des décisions gouvernementales controversées
Interrogé par le média local Actualite.cd, Ferdinand Kambere, secrétaire permanent adjoint du PPRD, s’est insurgé contre ce qu’il qualifie d’« amalgame et de persécution » visant Joseph Kabila. Il accuse les autorités d’avoir pris des mesures arbitraires sur la base d’une simple rumeur selon laquelle l’ancien Président se trouverait à Goma. « Le chef du parti est en train d’être persécuté publiquement par un régime aux abois », a-t-il déclaré.
La tension est montée d’un cran après qu’un arrêté ministériel du Vice-Premier ministre en charge de l’Intérieur et de la Sécurité a suspendu toutes les activités du PPRD sur l’ensemble du territoire national. Les gouverneurs provinciaux ont été instruits de veiller scrupuleusement à l’exécution de cette décision, alors qu’aucune procédure judiciaire publique n’a été entamée à ce jour.
Les propriétés Kabila sous pression
En parallèle, l’ex-première dame, Marie Olive Lembe Kabila, a vivement dénoncé l’occupation militaire de la ferme familiale de Kundelungu, dans l’est du pays. Elle dénonce une « violation flagrante de propriété privée » par des éléments des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC), entrés sans mandat, ni aucune notification préalable. « Ils ont ravi des ordinateurs, des téléphones portables aux ouvriers de la ferme (…) et abattent nos vaches pour se nourrir », a-t-elle déploré dans un communiqué transmis à la presse.
Ce n’est pas un cas isolé : trois perquisitions ont été menées en moins d’une semaine dans différentes propriétés appartenant à la famille Kabila, notamment à Limete (Kinshasa), officiellement dans le cadre de la recherche de matériels militaires prétendument détournés.
Une escalade politique inquiétante
Ces événements s’inscrivent dans un climat de plus en plus tendu entre les anciens et les actuels dirigeants du pays. Alors que Joseph Kabila s’était jusque-là montré discret depuis son départ du pouvoir en 2019, les dernières semaines ont vu réapparaître son nom dans le débat public, alimenté par des rumeurs sur son éventuel retour en politique ou une réactivation de son réseau d’influence.
Pour ses partisans, les dernières décisions du pouvoir relèvent d’une stratégie de harcèlement politique. Du côté des autorités, on insiste sur la nécessité d’élucider certaines affaires impliquant des détournements présumés de biens publics, tout en refusant de commenter officiellement les accusations de persécution. Dans une RDC minée par de graves problèmes sécuritaires dans sa partie orientale, ce regain de tension entre les deux dirigeants est de nature à fragiliser l’équilibre précaire du pays, et à compliquer davantage une situation déjà extrêmement complexe.