RDC : le ministre de la Justice défend l’application de la peine de mort contre les gangs urbains


Lecture 5 min.
Constant Mutamba, ministre congolais de la Justice
Constant Mutamba, ministre congolais de la Justice

La République Démocratique du Congo (RDC) traverse une période de tension intense, alors que les autorités persistent dans leur intention d’appliquer la peine capitale contre les membres des gangs urbains. Le 6 janvier 2025, lors d’une conférence de presse à Kinshasa, Constant Mutamba, le ministre de la Justice a fait un point sur la situation des jeunes arrêtés et condamnés à mort dans le cadre de l’opération « Zéro Kuluna – Ndobo ». Cette initiative, menée en collaboration avec le ministère de l’Intérieur, cible particulièrement les groupes criminels responsables de vols, de meurtres et de violences diverses à Kinshasa, la capitale du pays.

Constant Mutamba a réaffirmé la volonté de l’État congolais d’appliquer les peines de mort prononcées, tout en insistant sur le fait que l’exécution de ces sentences ne se ferait qu’après l’épuisement des voies de recours et d’appel. Cette position s’inscrit dans un contexte où le banditisme urbain, incarné par les « Kulunas » (terme désignant ces groupes criminels), reste une menace persistante dans le quotidien des Congolais.

Une réponse drastique à la montée du banditisme urbain

Le phénomène des gangs urbains, notamment à Kinshasa, a pris des proportions inquiétantes, ces dernières années. Ces groupes criminels, souvent jeunes, sont responsables d’une multitude d’actes de violence, y compris des meurtres, des agressions et des vols à main armée. Face à cette situation, le gouvernement congolais a décidé d’intensifier la répression, en ciblant de manière systématique les membres de ces groupes. L’opération « Zéro Kuluna – Ndobo », lancée récemment, a permis l’arrestation de nombreux suspects, qui ont ensuite été jugés dans le cadre de procès expéditifs. Le ministre de la Justice a indiqué que, depuis décembre 2024, pas moins de 11 procès avaient eu lieu, menant à la condamnation à mort de plusieurs dizaines de jeunes.

Constant Mutamba a affirmé que ces condamnations étaient non seulement un message de fermeté, mais aussi une tentative d’intimider les gangs et de mettre fin à leur emprise sur certaines zones de la capitale. Cependant, il a précisé que la mise à exécution de la peine capitale serait conditionnée à un processus juridique rigoureux. Les condamnés doivent d’abord épuiser leurs recours légaux, ce qui inclut les appels et autres démarches judiciaires. Ce n’est qu’une fois toutes les procédures épuisées que la peine pourrait être exécutée, sous réserve d’une éventuelle grâce présidentielle.

L’opération « Zéro Kuluna » : une réponse pratique au problème de la criminalité

Les autorités congolaises soulignent que l’opération policière a permis des avancées notables dans la lutte contre le banditisme. Les tribunaux ont travaillé en collaboration étroite avec les forces de l’ordre pour juger les membres des gangs, et de nombreux procès ont été diffusés à la télévision nationale, afin de montrer la transparence et l’engagement des autorités.

La sécurité dans la capitale, selon les autorités de la RDC, a montré des signes d’amélioration. En effet, le ministre de la Justice a évoqué la satisfaction des habitants de Kinshasa qui, pour la première fois en plusieurs années, ont pu passer les fêtes de fin d’année et la célébration du Nouvel An sans subir les attaques et intimidations des gangs. Ce calme relatif a été perçu comme une preuve de l’efficacité de l’opération.

Cependant, cette répression s’accompagne également d’une forte controverse. En dépit des résultats annoncés, de nombreuses organisations nationales et internationales continuent de s’opposer fermement à l’application de la peine de mort. Les critiques soulignent non seulement les violations potentielles des droits de l’homme, mais aussi les risques d’erreurs judiciaires dans un système qui reste fragile.

Le transfert des condamnés : une mesure de sûreté

Au-delà des peines de mort prononcées, un autre aspect du processus judiciaire est le transfert des condamnés vers des établissements pénitentiaires de haute sécurité. Le ministre Mutamba a confirmé que plusieurs membres des gangs, après avoir été jugés et condamnés, ont été transférés vers des prisons strictement surveillées, telles que celles d’Angenga et de Luzumu, dans le but de garantir leur détention en sécurité. Le ministre a évoqué la dangerosité de ces individus. Il a en outre souligné qu’ils étaient souvent multirécidivistes et qu’ils représentaient une menace non seulement pour la population mais aussi pour les autorités pénitentiaires.

Certains, a-t-il ajouté, ont déjà montré leur capacité à briser des menottes et à échapper à la vigilance des forces de l’ordre. Le ministre a cependant tenu à rassurer l’opinion publique en précisant que ces transferts n’étaient pas destinés à limiter les droits des détenus. Ainsi, ces derniers conservent le droit de faire appel des décisions de justice, et ce, malgré leur transfert vers des lieux de détention différents.

Les dernières déclarations du ministre : une Fermeté Inébranlable

Les récentes décisions de Constant Mutamba ont ravivé les débats sur la peine de mort en RDC. Dans un contexte où les voix pour et contre cette pratique sont divisées, le ministre a fait preuve d’une fermeté notable. Non seulement il a réaffirmé l’engagement du gouvernement à appliquer les peines prononcées, mais il a également insisté sur la nécessité de défendre l’ordre et la sécurité publique contre les gangs.

Les discussions autour de la question de la peine capitale et des droits de l’Homme continuent d’alimenter les débats politiques et sociaux en RDC. Avec un ministre déterminé à aller jusqu’au bout de sa politique de répression, l’avenir judiciaire des membres des gangs semble tracé. Mais les tensions autour de ces mesures risquent de se poursuivre, aussi bien au niveau national qu’international.

Avatar photo
Très attaché à l’Afrique Centrale que je suis avec une grande attention. L’Afrique Australe ne me laisse pas indifférent et j’y fais d’ailleurs quelques incursions
Newsletter Suivez Afrik.com sur Google News