RDC : le M23 prend le contrôle de l’aéroport de Kavumu dans le Sud-Kivu


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Des rebelles du M23
Des rebelles du M23

Les rebelles du M23 ont pris le contrôle de l’aéroport stratégique de Kavumu, situé à environ 25 kilomètres de la ville de Bukavu, dans la province du Sud-Kivu, selon des informations rapportées par la société civile locale de Kavumu. Cet événement est une nouvelle étape dans les combats qui opposent depuis plusieurs semaines le M23 à l’armée congolaise dans cette région.

La prise de l’aéroport s’inscrit dans un contexte de combats intenses entre les forces armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) et les rebelles du M23. Depuis le 18 janvier 2025, les affrontements se multiplient dans le Sud-Kivu, avec plusieurs localités tombées aux mains des rebelles ces derniers jours. Le porte-parole du M23, Lawrence Kanyuka, a annoncé sur le réseau social X que l’aéroport de Kavumu, ainsi que les zones environnantes, étaient désormais sous leur contrôle.

Kavumu et ses environs sous le contrôle de l’AFC/M23

Selon lui, cette prise de position stratégique vise à « éliminer la menace » que représentait l’aéroport, un site militaire important pour les forces congolaises. Kanyuka a précisé : « L’aéroport de Kavumu constituait un danger pour la population civile des zones libérées et pour nos positions. Désormais, Kavumu et ses environs, y compris l’aéroport, sont sous le contrôle de l’AFC/M23 ».

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Des images et des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux ont montré les rebelles arrivant à l’aéroport et recevant un accueil chaleureux de la population locale, ce qui témoigne du soutien populaire dont le groupe bénéficie dans certaines zones. La prise de l’aéroport de Kavumu fait partie d’une série de victoires récentes du M23 dans le Sud-Kivu. Dans la matinée du 14 février, les rebelles avaient également pris le contrôle de la localité de Katana, située à seulement sept kilomètres de l’aéroport.

L’Expansion des rebelles dans le Sud-Kivu

Au cours des 72 dernières heures, d’autres zones stratégiques de la province, telles que Ihusi, Kabamba et Kalehe-Centre, ont également été capturées. Ces avancées territoriales ont encore aggravé la situation humanitaire dans la région, déjà fragile. L’Agence des Nations Unies pour les Réfugiés (HCR) a exprimé sa préoccupation face à la « détérioration rapide » de la situation, précisant que près de 350 000 personnes avaient été déplacées à cause des combats. Ces populations vivent dans des conditions de grande précarité, sans abris et dans l’attente d’une aide humanitaire d’urgence.

Appel urgent à un cessez-le-feu immédiat

La situation à l’Est de la RDC se complique davantage. Malgré un sommet conjoint de la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC) et de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), tenu à Dar es Salaam le 8 février, les combats ne montrent aucun signe de ralentissement. Ce sommet avait pour objectif de trouver une solution à la crise qui frappe le pays et de répondre à l’implication présumée du Rwanda dans le soutien au M23. Les discussions ont débouché sur un appel urgent à un cessez-le-feu immédiat, tout en insistant sur la nécessité pour le M23 de stopper ses opérations militaires.

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Le sommet a également demandé au Rwanda de cesser son appui au groupe rebelle et de retirer ses troupes du sol congolais. Le gouvernement congolais, de son côté, a fermement condamné la violation du cessez-le-feu par le M23 et a demandé que des sanctions soient prises à l’encontre du groupe rebelle. Cette situation a exacerbé les tensions diplomatiques entre la RDC et le Rwanda, qui se sont intensifiées ces derniers mois, le Rwanda étant accusé de soutenir activement le M23 dans ses ambitions territoriales.

Le Rwanda rejette les accusations de soutien au M23

Le M23, créé en 2012 par des militaires dissidents de l’armée congolaise, a connu une première période de succès avant d’être défait en 2013 par les FARDC avec le soutien des Casques bleus de la MONUSCO. Cependant, le groupe a repris les armes en 2022 et a commencé à étendre son contrôle sur plusieurs localités de la province du Nord-Kivu, près de la frontière avec le Rwanda et l’Ouganda. Kinshasa accuse le Rwanda de soutenir le M23, principalement pour accéder aux ressources minières riches de la région.

Des rapports des Nations Unies confirment cet appui militaire, ce qui alimente les tensions entre les deux pays voisins. Pour le gouvernement rwandais, les accusations de soutien au M23 sont rejetées, affirmant que le groupe rebelle est constitué de Congolais et que le Rwanda a toujours désarmé les rebelles réfugiés sur son territoire. Kigali, cependant, considère le M23 comme une menace directe pour sa sécurité, notamment en raison de liens supposés entre la RDC et des groupes armés rwandais, comme les FDLR, qui sont accusés d’être responsables du génocide de 1994.

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