
La situation sécuritaire dans l’Est de la République Démocratique du Congo (RDC) demeure préoccupante, alors que l’Alliance Fleuve Congo (M23/AFC), une coalition de groupes rebelles dont le M23, a lancé de nouvelles attaques contre les positions de l’armée congolaise. Ces offensives surviennent quelques jours après l’annonce par les rebelles d’un cessez-le-feu, qui visait à réduire les tensions dans la région. L’attaque de ces positions, survenue jeudi, a eu lieu dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, deux régions lourdement affectées par des conflits armés récurrents.
Dans un communiqué officiel, l’armée congolaise a rapporté que les rebelles, soutenus selon Kinshasa par les forces rwandaises, ont renforcé leurs positions militaires dans l’Est, de la RDC, en y envoyant des troupes et du matériel supplémentaire. Cette offensive a notamment ciblé les territoires de Walikale (Nord-Kivu) et Walungu (Sud-Kivu), des zones où les affrontements ont fait des milliers de déplacés. Selon Sylvain Ekenge, porte-parole de l’armée congolaise, les attaques ont également visé les hautes terres de Minembwe, dans le territoire de Fizi, une autre zone sensible du Sud-Kivu.
Le M23 accusé de continuer d’engager des actions militaires hostiles
L’armée congolaise a réagi fermement, rappelant que le M23/AFC, malgré sa déclaration d’un cessez-le-feu, continue d’engager des actions militaires hostiles. Toutefois, les Forces armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) se sont dites plus déterminées que jamais à protéger la population civile et ses biens. « Les FARDC se réservent le droit de réagir pour protéger la sécurité de la population, même face aux actes d’hostilité », a affirmé le porte-parole, non sans souligner la nécessité de contrer toute action susceptible de compromettre la pause dans les combats, que le M23/AFC avait eux-mêmes annoncée.
Le 22 mars, quelques jours avant les attaques récentes, les rebelles du M23 avaient annoncé un retrait de leurs forces de la ville minière de Walikale, dans le cadre de ce qui semblait être un geste en faveur de la paix. L’objectif de ce repositionnement de leurs troupes, selon eux, était de soutenir les initiatives diplomatiques en cours, notamment les dialogues politiques visant à trouver une solution pacifique au conflit. Ces initiatives, soutenues par des partenaires internationaux, cherchent à apaiser les tensions dans cette région dévastée par des décennies de guerre.
Privilégier la voie diplomatique
Cet engagement à désescalader les combats avait été salué par le Rwanda, accusé par Kinshasa de soutenir les rebelles du M23. Le gouvernement rwandais avait exprimé son soutien à cette décision de retrait, et souligné la volonté de contribuer à la fin du conflit. De son côté, le gouvernement congolais, après avoir pris acte du geste du M23, a exhorté les forces d’autodéfense locales à privilégier la voie diplomatique et à se concentrer sur les processus de dialogue en cours, en particulier les discussions de Luanda et de Nairobi, qui visent à trouver une solution durable à la crise.
Le cessez-le-feu avait été annoncé le 18 mars dernier lors de pourparlers qui se sont tenus à Doha, au Qatar, entre les Présidents congolais Félix Tshisekedi et rwandais Paul Kagame. Ces négociations ont été facilitées par l’émir du Qatar, le cheikh Tamim ben Hamad Al Thani, dans l’espoir d’apaiser les tensions entre les deux pays, particulièrement après que le M23 a pris les villes stratégiques de Goma et Bukavu en début d’année. Ces avancées militaires ont exacerbé les tensions, avec des accusations de soutien militaire du Rwanda aux rebelles du M23, un point sur lequel le Rwanda reste silencieux. Les nouvelles attaques lancées par le M23 viennent néanmoins ternir l’espoir d’une solution pacifique.