RDC : le gouverneur du Sud-Kivu contraint d’administrer depuis Uvira


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La ville de Bukavu
La ville de Bukavu

Le président de la République Démocratique du Congo (RDC), Félix Tshisekedi, a reçu, mardi soir, à la Cité de l’Union africaine le gouverneur élu du Sud-Kivu, Jean-Jacques Purusi. Suite à la prise de Bukavu par les rebelles du M23, soutenus par le Rwanda, le gouverneur a été contraint de quitter la capitale provinciale et d’administrer désormais la province depuis la ville d’Uvira.

Lors de l’audience qu’il a accordée à Jean-Jacques Purusi, Félix Tshisekedi a exprimé sa compassion et son soutien au gouverneur du Sud-Kivu, qui s’est dit réconforté par cet appui. Le gouverneur a également salué les avancées diplomatiques obtenues par la RDC sous la présidence de Félix Tshisekedi dans le cadre de la crise sécuritaire qui secoue l’est du pays. Depuis la mi-février, les rebelles du M23 et leurs soutiens rwandais ont pris le contrôle de Bukavu, chef-lieu du Sud-Kivu, entraînant le déplacement de milliers d’habitants et aggravant la crise humanitaire. Pendant ce temps, Uvira, où le gouverneur Purusi doit exercer ses fonctions, est également en proie à une insécurité croissante.

Une situation extrêmement tendue

L’ONG Médecins Sans Frontières (MSF) a récemment alerté sur l’aggravation des violences dans la région. Depuis le 15 février, de violents affrontements entre l’armée congolaise et les miliciens Wazalendo ont fait au moins 27 morts. La semaine dernière, en raison de la détérioration de la situation sécuritaire, MSF a réduit temporairement ses équipes à Uvira. Plusieurs structures sanitaires ont été touchées par les combats, compliquant l’accès aux soins pour la population.

« En entendant les tirs, nous devions nous mettre à l’abri avec les patients, ce qui a retardé leur prise en charge », a déclaré un agent de MSF. L’organisation rapporte un afflux massif de blessés dans les hôpitaux d’Uvira depuis le 17 février, avec plus d’une centaine de patients pris en charge en quelques jours.

Face à cette crise, MSF prévoit de réorienter ses activités vers la prise en charge des blessés de guerre et l’acheminement de matériel médical. La coordinatrice de MSF à Uvira, Caglar Tahiroglu, a lancé un appel aux parties en conflit afin qu’elles respectent la protection des civils et des structures sanitaires. Par ailleurs, selon les autorités burundaises, près de 35 000 personnes ont fui Uvira depuis le début du mois de février, exacerbant la crise humanitaire dans la région.

Comme Somo à Beni

Le déplacement de Jean-Jacques Purusià Uvira intervient quelques semaines après l’installation de son homologue nouveau gouverneur du Nod-Kivu à Beni. En effet, en prenant ses fonctions le 31 janvier 2025, le général-major Évariste Kakule Somo, successeur de Peter Cirimwami, s’est installé à Beni et non pas à Goma, chef-lieu de sa province déjà tombé sous le contrôle du M23. « Mon bureau se trouve à Goma, je vais m’y installer dès que possible », avait déclaré l’officier. Désormais, les gouverneurs des deux provinces voisines où le M23 avance à grands pas sont obligés de rester loin du chef-lieu respectif de leur province. Une situation qui traduit le mal qui ronge actuellement la RDC dans sa partie orientale.

La situation dans le Sud-Kivu comme dans le Nord-Kivu reste critique, alors que la communauté internationale suit avec attention l’évolution du conflit. Ce mercredi, le Procureur de la Cour pénale internationale (CPI) achève une visite débutée en RDC depuis lundi dernier. Occasion pour lui de rencontrer diverses autorités du pays y compris le Président Félix Tshisekedi et de lancer un appel pour un « cessez-le-feu sans délai ».

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Par Serge Ouitona, historien, journaliste et spécialiste des questions socio-politiques et économiques en Afrique subsaharienne.
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