
Le gouvernement de la Première ministre de la RDC ne durera pas très longtemps. Les victoires successives du M23 à l’Est du pays sont sur le point de l’emporter, Félix Tshisekedi tenant mordicus à son idée de gouvernement d’union nationale émise il y a quelques jours. Les ministres actuellement en fonction devront désormais faire face à des restrictions.
Le gouvernement de Judith Suminwa Tuluka, Première ministre de la RDC durera-t-il un an ? Rien n’est moins sûr. Ce gouvernement dont la nomination fut tellement difficile et laborieuse ne restera finalement aux affaires que pendant quelques mois. Et pour cause ! Quelques jours après sa déclaration annonçant la formation prochaine d’un gouvernement d’union nationale pour faire face à la guerre à l’est du pays, le Président Félix Tshisekedi a posé des actes concrets allant dans ce sens.
Des restrictions pour l’équipe sortante
Lors du conseil des ministres du vendredi 28 février 2025, le chef de l’État congolais a pris des mesures strictes pour empêcher de la part des ministres tout acte susceptible d’affecter les ressources et la stabilité de l’État avant l’installation du nouveau gouvernement. Selon le compte rendu de la réunion ministérielle, relayé par le porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya, les membres de l’Exécutif actuel, dirigé par la Première ministre, Judith Suminwa Tuluka, ne pourront plus :
- procéder à la cession, au transfert ou à l’aliénation d’actifs de l’État ;
- signer des arrêtés précipités ou en cascade ;
- engager, liquider ou effectuer des paiements imprévus de dépenses publiques ;
- recruter, nommer ou promouvoir du personnel de manière désordonnée dans les entreprises publiques, établissements publics et autres structures étatiques.
Ces restrictions visent à garantir une transition fluide et à éviter tout abus de pouvoir à l’approche de la recomposition gouvernementale.
Consultations avec l’opposition et la société civile
Dans la perspective de cette restructuration, le président Tshisekedi a confié à son conseiller spécial en matière de sécurité, Eberande Kolongele, la mission de consulter les acteurs de l’opposition et de la société civile. L’objectif est de bâtir un gouvernement inclusif capable d’unifier les forces politiques face à la crise sécuritaire.
Toutefois, cette démarche suscite des réactions contrastées. Certains leaders de l’opposition, comme Adolphe Muzito, se disent favorables à cette initiative, soulignant la nécessité d’un front uni face à l’agression rwandaise. D’autres figures majeures de l’opposition, notamment Martin Fayulu, Moïse Katumbi et Joséphine Mumba Sesanga, rejettent la proposition, estimant que toute initiative de cohésion nationale devrait être encadrée par la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) et l’Église du Christ au Congo (ECC).
Un défi politique et sécuritaire
Alors que la RDC traverse une période critique, la formation de ce gouvernement d’union nationale représente un enjeu majeur. Face aux défis sécuritaires croissants dans les provinces de l’est, la nouvelle équipe gouvernementale devra prouver son efficacité dans la défense de l’intégrité territoriale du pays.
Reste à savoir si les consultations en cours permettront de rallier un maximum d’acteurs politiques et sociaux à cette initiative présidentielle. La réussite de ce projet dépendra en grande partie de la capacité du gouvernement à surmonter les divergences et à instaurer une gouvernance consensuelle et efficace.