Depuis quelques mois, la coalition FCC et CACH, actuellement au pouvoir en République Démocratique du Congo (RDC), est en négociations pour le partage des entreprises publiques, en vue de la nomination des nouveaux mandataires publics. Cette manière de procéder est, non seulement, contraire aux principes de bonne gestion des affaires publiques et des biens publics, il soulève des doutes sérieux sur la neutralité politique de la démarche, la prise en compte des principes d’équité, d’égalité de chance pour tous et de représentativité.
Des dispositions pertinentes de la Constitution de la RDC, plus précisément les articles 90, 91 et 92, déterminent les prérogatives du Premier ministre notamment en matière de nomination des hauts fonctionnaires et mandataires des entreprises publiques, pour garantir la bonne gouvernance et assurer le fonctionnement harmonieux des institutions de l’État.
La démarche de la coalition FCC et CACH risque, non seulement, de compromettre la nécessité de préserver l’indépendance et l’impartialité des mandataires publics face aux pressions et autres chantages évidents qui seront exercés sur eux par leurs partis politiques pour obtenir indûment des faveurs, il n’est surtout pas de nature à promouvoir la culture de la transparence, de la responsabilité et du refus de la corruption prônés par le Président Félix Tshisekedi.
Il est toutefois important de rappeler ici que le pouvoir exécutif est exercé par le président de la République et par le gouvernement, dont les membres jouissent de la confiance du Parlement.
Le Premier ministre Sylvestre Ilunga Ilunkamba, qui avait reçu un appui massif des membres du Parlement à travers un vote de confiance pour conduire le gouvernement de coalition, est comptable de son action devant celui-ci. Pour assurer le bon fonctionnement des institutions et des services publics, Sylvestre Ilunga Ilunkamba devra donc veiller à ce que les nominations au sein de l’administration publique et dans les entreprises publiques ne soient pas motivées essentiellement par des considérations politiques, de la partisanerie, ni à des fins particulières des partis politiques, mais fondées sur le mérite et à l’abri de toute ingérence politique, pour assurer des services publics efficaces au peuple congolais.
On devrait lui laisser les mains libres de disposer de tous les pouvoirs qui lui sont conférés par la Constitution, de procéder à la désignation des hauts fonctionnaires et mandataires des entreprises publiques, à l’issue d’une procédure de sélection équitable et fondée sur le mérite, de fixer la durée de leurs mandats et l’étendue de leurs compétences, de déterminer leur rémunération et, le cas échéant, les limitations de leurs pouvoirs.
Procéder autrement reviendrait à consacrer la politisation et la partialité à outrance de l’administration publique et limiter fortement l’indépendance des mandataires publics dans l’exercice de leurs fonctions, mais surtout à exclure les potentiels meilleurs candidats qui ne font pas partie de la coalition actuellement au pouvoir.
Mesure phare de Félix Tshisekedi : réforme du système éducatif
La gratuité de l’éducation de base et de l’éducation secondaire, bien qu’inscrite dans la Constitution, est restée lettre morte depuis l’entrée en vigueur de cette dernière. Il convient de souligner toutefois que, en dépit de son coût très élevé, la décision de mettre en œuvre cette réforme majeure du système éducatif est une mesure phare du Président Félix Tshisekedi qui affiche une détermination sans faille à la mener à bien, pour que chaque enfant congolais, quelle que soit sa condition sociale, soit, non seulement scolarisé, mais qu’il puisse bénéficier gratuitement d’une éducation de base, car les enfants sont notre avenir et celui de l’humanité.
En effet, quand le gouvernement s’engage dans une grande réforme comme celle-ci, il ne fait pas appel à des novices susceptibles de compromettre sérieusement son succès, mais plutôt maintient en poste les personnes les plus expérimentées pour assurer la mise à exécution efficace d’une telle mesure.
Les permutations des hauts fonctionnaires du ministère de l’Enseignement Primaire, Secondaire et Technique (EPST), plus précisément ceux de la ville-province de Kinshasa, opérées en cascade dernièrement par le titulaire actuel de ce portefeuille, suscitent de vives préoccupations et ne sont pas de nature à assurer l’efficacité et le succès de cette grande réforme voulue par le chef de l’Etat.
Il y a lieu de rappeler que les attentes de la population congolaise sont très fortes qu’un échec éventuel de cette réforme pourrait renforcer un profond sentiment de méfiance et de cynisme de Congolais à l’égard des élus et leurs promesses. Il est important de rappeler que l’éducation est un droit humain fondamental et chaque enfant doit bénéficier d’une chance de tirer le meilleur parti de son potentiel, en accédant à une éducation de qualité.
Ainsi que nous l’avons déjà dit dans nos précédentes publications, le gouvernement Ilunkamba doit entreprendre des réformes institutionnelles qui s’imposent pour assurer un service public dynamique et rétablir la confiance du public congolais dans ses institutions publiques. Le Premier ministre devra adopter des mesures vigoureuses destinées à améliorer la gouvernance, assurer la transparence, l’efficacité et le professionnalisme de l’administration publique, notamment en donnant des lignes directrices claires à tous les membres de son gouvernement pour prévenir tout risque de favoritisme et de clientélisme dans les promotions et les nominations de hauts fonctionnaires au sein des différents ministères.