RDC : le gouvernement de Sama Lukonde investi, et après ?


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Sama Lukonde
Sama Lukonde

Le gouvernement du Premier ministre congolais, Sama Lukonde, vient d’être investi par l’Assemblée nationale. Le compte à rebours commence alors pour la nouvelle équipe qu’attend une tâche immense, à moins de trois ans de la fin du mandat de Félix Tshisekedi. Moins de trois ans pour convaincre.

Comme prévu, le nouveau Premier ministre congolais, Sama Lukonde, était devant l’Assemblée nationale, ce lundi, pour présenter aux députés son programme de gouvernement, un ambitieux programme bâti autour de 4 secteurs, 15 piliers, 65 axes et plus de 300 actions à exécuter sur trois ans (2021-2023) pour un coût global de 36 milliards de dollars, soit 12 milliards par an.
Au titre des priorités de ce programme figurent la pacification de l’Est du pays, le renforcement de l’autorité de l’État, l’amélioration du climat des affaires, la diversification de l’économie, la modernisation des infrastructures de base, la lutte contre le changement climatique, la lutte contre la pauvreté, etc.

Ce programme a rencontré l’adhésion de 410 députés sur les 412 présents qui y ont souscrit et donné un blanc-seing à la nouvelle équipe gouvernementale. Une étape essentielle vient donc d’être franchie, et le nouveau gouvernement peut enfin se mettre au travail. En tout cas, ce n’est pas le chef de ce gouvernement qui dira le contraire, lui qui, peu de temps après l’investiture de son équipe, a tweeté : « Heureux d’avoir reçu la motion d’approbation du programme et investiture du gouvernement de l’Union Sacrée de la Nation à l’Assemblé nationale. Aujourd’hui nous devons montrer à la face du monde que : Impossible n’est pas Congolais ».

Un programme diversement apprécié

Si pour certains Congolais, l’espoir est permis avec l’investiture du nouveau gouvernement, comme Moïse Katumbi qui a écrit sur son compte Twitter : « L’investiture du Gouvernement @SamaLukonde ouvre la voie de la paix à l’Est ! Dès aujourd’hui, chaque vie sauvée est une victoire et chaque victime une défaite ! Chaque minute compte. Nul ne peut se dérober à ses responsabilités. Il n’y a plus de temps à perdre ! », d’autres restent totalement pessimistes. C’est le cas de la députée FCC, Geneviève Inagosi, pour qui le programme de gouvernement présenté par le Premier ministre se limite à une expression de bonnes intentions qui ne fait aucun cas des indicateurs pouvant permettre d’évaluer son niveau de réalisation. « C’est du déjà vu, du déjà entendu », a-t-elle martelé.

Du scepticisme, on en trouve également chez Delly Sesanga, président du parti politique Envol RD Congo, qui, bien qu’ayant souscrit au programme, ne manque pas de soulever quelques appréhensions : « Je note que le programme est trop ambitieux, parier des ressources de 300% sur 3 ans peut être hasardeux. Il y a risque d’impasse pour son exécution », a-t-il écrit sur Twitter.

En tout cas, les quelque 100 millions de Congolais attendent beaucoup de ce nouveau gouvernement, après les deux ans de l’équipe Ilunga marqués par des querelles incessants qui ont occupé ses membres au grand dam des questions sérieuses comme l’amélioration de la condition de vie des citoyens congolais, la pacification de l’Est du pays toujours à la merci des groupes rebelles. Sur ce dernier point, le 7 octobre 2019, à l’occasion d’une visite à Bukavi, chef-lieu de la province du Sud-Kivu, le Président Félix Tshisekedi avait fait une promesse que ses compatriotes n’ont certainement pas oublié : « Notre combat sera celui de vous apporter la paix, une paix définitive, une paix nécessaire pour la stabilité de notre pays. Et cette paix, croyez-moi, je suis prêt à mourir pour qu’elle soit une réalité ».

Or depuis quelques semaines, on observe une recrudescence des massacres de populations civiles, dans cette partie du pays, par les groupes armés. La tâche de la nouvelle équipe gouvernementale est donc immense. Le nouveau chef du gouvernement doit faire preuve d’importantes qualités de management pour conduire une équipe dont la constitution n’a pas été aisée. Sama Lukonde doit le savoir, puisqu’il sait que ses compatriotes le regardent, il sait aussi qu’en face, les adversaires l’observent.

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Par Serge Ouitona, historien, journaliste et spécialiste des questions socio-politiques et économiques en Afrique subsaharienne.
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