La suspension du doublement du Salaire Minimum Interprofessionnel Garanti (SMIG) en RDC par la Première ministre Judith Suminwa suscite une vive polémique. Cette décision, perçue comme une trahison par les travailleurs et influencée par des pressions patronales, reflète les tensions autour du pouvoir d’achat dans un contexte économique difficile.
En République démocratique du Congo, une polémique enflamme les débats autour du Salaire Minimum Interprofessionnel Garanti (SMIG). Alors que les travailleurs espéraient un allégement financier avec le doublement de leur salaire, cette perspective s’évanouit rapidement. Le rapport de la mise en œuvre de la mesure, annoncé par la Première ministre Judith Suminwa, soulève des interrogations et des tensions, entre critiques des employeurs, désillusions des employés, et soupçons de pressions politiques.
Une décision contestée au sommet de l’État
Le ministre de l’Emploi, Ephraim Akwakwa Nametu, avait annoncé avec assurance que le nouveau SMIG passerait de 2,5 à 5 dollars par jour, prenant effet le 1ᵉʳ février. Pourtant, Judith Suminwa a suspendu cette mesure, avançant des motifs administratifs et procéduraux. Selon elle, le décret n’impliquerait pas tous les acteurs concernés, notamment les syndicats et le Conseil national du travail. Cette justification n’a pas suffi à apaiser les critiques, qui y voient une manœuvre politique.
Pour les fonctionnaires et les employés du secteur privé, l’annonce du doublement du SMIG avait suscité un véritable espoir dans un contexte économique marqué par une inflation galopante. Cependant, la décision de la cheffe du gouvernement a été perçue comme une trahison. « Nos revenus sont déjà insuffisants pour couvrir les besoins de base », déplore un employé. Le rapport renforce un sentiment de frustration dans une population qui lutte pour joindre les deux combats.
A lire aussi : RDC : le salaire minimum doublera le 1er février 2025
Accusations de favoritisme et pressions des entreprises
La Fédération des Entreprises du Congo (FEC), principal regroupement patronal, avait évoqué l’initiative du ministre dès son annonce, évoquant un manque de concertation. Certains observateurs dénoncent un favoritisme flagrant envers la FEC, qui aurait exercé des pressions sur le Premier ministre pour bloquer l’arrêté. Des accusations de corruption alimentent également le débat, exacerbant la méfiance envers les institutions.
Instauré en 2008, le SMIG en RDC n’a pas suivi l’évolution du coût de la vie. En 2018, il était fixé à 5 dollars par jour, mais la dépréciation de la monnaie locale l’a réduite à seulement 2,5 dollars aujourd’hui. Le ministre Ephraim Akwakwa justifiait le réajustement comme une simple actualisation, alignée sur le taux budgétaire officiel de 2025. Pourtant, le blocage de cette mesure met en lumière le fossé croissant entre les revenus des travailleurs et leurs besoins vitaux.