La République Démocratique du Congo importe plus de la moitié des produits alimentaires nécessaires pour nourrir ses habitants. Cette situation n’est pourtant pas une fatalité, et la RDC présente de nombreux avantages pour devenir une terre non seulement capable de produire sa propre consommation alimentaire, mais de devenir à terme une puissance exportatrice régionale.
Pour atteindre cet objectif, la RDC peut s’appuyer sur des initiatives locales qui ont su miser sur les forces vives du pays pour développer des modèles de production alimentaire efficaces et innovants.
Le Congo, un colosse aux pieds d’argile
Selon l’organisation internationale Caritas, 25,9 millions de Congolais pourraient avoir besoin d’une aide alimentaire en 2022. Un constat accablant, aggravé par le contexte géopolitique mondial. Il serait illusoire, en effet, d’espérer que le conflit en cours en Ukraine n’impacte pas le cours des prix alimentaires dans le pays. Une situation catastrophique, alors que les appels humanitaires en RDC soutenus par les États-Unis n’ont été financés qu’à 50% ces cinq dernières années.
L’envolée persistante du prix des denrées alimentaires pèse de plus en plus lourdement sur le budget des ménages, et augmente les risques d’une crise alimentaire généralisée. Face à cette situation, le gouvernement a lancé un plan de résilience le 29 juin dernier, afin de soutenir les agriculteurs et d’augmenter la production nationale.
Une réponse de l’État qui s’appuie sur le privé
Les autorités ont ainsi annoncé une enveloppe de 171,205 milliards de francs CFA pour l’ensemble de ce projet, placé sous l’égide de la primature. Une réserve financière dédiée dans un premier temps à la résorption des risques de famine, soit 46,645 milliards de francs CFA. Une partie du budget est néanmoins dédiée à des projets de court et moyen termes (respectivement 72,655 milliards de francs CFA et 51,905 milliards de francs CFA).
Car le potentiel agro-industriel du Congo demeure encore largement à réaliser. Au-delà de la situation d’urgence actuelle, il pourrait dépasser les bénéfices de l’industrie minière, qui domine toujours le pays, grâce aux 80 millions d’hectares de terres que compte le territoire congolais – dont 10 % seulement sont exploités à l’heure actuelle.
Au-delà de l’appui aux agriculteurs locaux, les autorités s’apprêtent désormais à identifier et accompagner les éleveurs nationaux de manière à augmenter leur production, afin de réduire de 10% au moins par an la dépendance du pays aux importations de produits alimentaires de base.
GoCongo, le renouveau de l’élevage congolais
Un changement de cap qui n’a pas échappé à George Forrest. Cet entrepreneur né au Congo est aujourd’hui à la tête de l’une des principales entreprises du pays, Groupe Forrest International, notamment présente dans les secteurs du BTP et de l’énergie. Celui qui a toujours déclaré placer le développement du Congo au cœur de son activité s’est lancé depuis quelques années dans l’élevage bovin avec Grelka. Le magnat possède depuis 2006 30 000 bovins, pâturant dans un élevage extensif.
Afin de renforcer son leadership dans le secteur, George Forrest s’est associé il y a quelques mois à l’entrepreneur d’origine iranienne Aziz Khabirpour et à l’allemand Kirsten Pucks, au sein de la holding GoCongo. Plus récemment, la holding annonçait le 21 mars dernier la finalisation du rachat de la Pastorale du Haut-Lomami (PHL). GoCongo totalise désormais 56 000 têtes, ainsi que d’autres actifs industriels et 800 000 hectares de terres arables.
Ce succès agro-industriel, s’il fait office d’avant-garde dans le tissu économique congolais, pourrait faire émerger des vocations. Le succès de cette entreprise d’un genre nouveau pourrait par ailleurs attirer des capitaux, à même de mettre fin à la malédiction alimentaire paradoxale d’un pays dont une partie de la population meurt de faim, malgré ses innombrables richesses, et son potentiel inépuisable dans le domaine agricole !