RDC : le CICR dénonce l’impact humanitaire dévastateur des combats dans le Nord-Kivu


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Camp de déplacés en RDC
Camp de déplacés en RDC

Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a exprimé son profond inquiétude face à l’intensification des combats dans le Nord-Kivu, particulièrement dans la ville de Goma, où les affrontements entre les forces armées congolaises et le groupe armé M23, soutenu par le Rwanda, ont des conséquences tragiques pour les civils. Depuis le début du mois de janvier, l’intensité des combats a causé un nombre considérable de blessés et de morts, principalement parmi la population civile. Le CICR a dénoncé l’utilisation indiscriminée de l’artillerie dans des zones densément peuplées, ce qui a aggravé les souffrances des civils pris au piège.

L’impact de ces affrontements est particulièrement lourd sur les infrastructures médicales, qui sont saturées par l’afflux de blessés. L’hôpital CBCA Ndosho, à Goma, soutenu par le CICR, est l’un des établissements les plus sollicités. Depuis le début des combats, plus de 600 blessés ont été pris en charge par cet hôpital, dont une grande partie sont des civils, incluant un nombre élevé de femmes et d’enfants. L’ampleur de la situation humanitaire dans la région soulève une série de questions concernant la protection des civils et la nécessité urgente d’une aide humanitaire sécurisée.

Un afflux de blessés et une situation sanitaire critique

Les équipes médicales du CICR sont confrontées à une pression énorme. Les blessés arrivent en grand nombre, souvent transportés dans des conditions précaires : à moto, en bus, ou grâce à l’aide des volontaires de la Croix-Rouge congolaise. Les patients sont souvent dans un état critique, blessés par des balles ou des éclats d’obus, et le manque d’espace dans les hôpitaux complique leur prise en charge. « Les blessés sont nombreux et les hôpitaux débordent. Certains patients doivent attendre allongés par terre faute de lits disponibles », déclare Myriam Favier, cheffe de la sous-délégation du CICR à Goma.

En dépit des bombardements continus et des combats acharnés, les équipes chirurgicales du CICR poursuivent leur travail sans relâche pour soigner les victimes. Toutefois, les conditions de travail sont extrêmement difficiles, et l’absence d’infrastructures médicales suffisantes dans la région complique davantage les efforts de secours. Le CICR déplore particulièrement l’utilisation de l’artillerie dans des zones urbaines, ce qui rend les civils encore plus vulnérables.

Le respect du droit international humanitaire exigé

Les répercussions de cette guerre se font sentir dans des camps de déplacés où des milliers de personnes, fuyant les violences, cherchent refuge. Un incident particulièrement tragique a eu lieu récemment dans le camp de déplacés de Rusayo, où des dizaines de civils ont perdu la vie après avoir été pris sous le feu de l’artillerie. Ce camp, censé être protégé par le droit international humanitaire, a ainsi été le théâtre d’un drame évitable. Ce qui, selon le HCR, souligne le manque de respect des règles de protection des civils.

Le CICR appelle les parties en conflit à respecter le droit international humanitaire, qui stipule que les civils doivent être protégés en toutes circonstances. « Il est impératif que les parties au conflit respectent le droit international humanitaire en veillant à protéger les civils, leurs biens et en prenant toutes les mesures nécessaires pour réduire l’impact des opérations militaires sur les populations civiles », insiste François Moreillon, chef de la délégation du CICR en RDC.

Appel à la mise en place de corridors humanitaires sûrs

Malheureusement, les appels à la protection des civils restent souvent sans écho, et la situation humanitaire continue de se détériorer. Le CICR reçoit régulièrement des appels désespérés de personnes blessées ou en détresse, cherchant à être secourues ou à accéder à des soins médicaux. L’absence d’un accès humanitaire sécurisé est l’un des principaux obstacles à la réponse humanitaire dans la région. Pour faire face à cette situation, le CICR appelle à la mise en place de corridors humanitaires sûrs.

Lesquels corridors permettront aux équipes médicales d’acheminer de l’aide essentielle, notamment de l’eau potable, de la nourriture et des médicaments. La protection des structures sanitaires et du personnel médical est également un point crucial. Le CICR rapporte plusieurs incidents graves affectant ses équipes médicales, dont des attaques contre des hôpitaux et des ambulances. Ces attaques constituent une violation flagrante du droit international humanitaire et aggravent encore la situation des civils.

Affrontements violents à Goma : un scénario de plus en plus inquiétant

La situation à Goma, où les combats entre l’armée congolaise et le M23 se sont intensifiés, est particulièrement préoccupante. Depuis fin janvier, les échanges de tirs se sont multipliés, particulièrement dans les quartiers orientaux de la ville. L’armée congolaise s’oppose fermement aux forces rebelles qui bénéficient du soutien du Rwanda, une situation qui a exacerbé la tension dans cette région déjà fragile. Le M23, qui contrôle plusieurs quartiers de Goma, est accusé d’être responsable de nombreuses violations des droits humains, y compris le recrutement forcé de soldats et des attaques ciblant des civils.

Le M23, soutenu par des milliers de soldats rwandais, selon les Nations unies, mène une offensive visant à prendre le contrôle de la ville, ce qui place les civils dans une situation de plus en plus difficile. La ville est désormais un champ de bataille, où les populations se retrouvent prises entre deux feux. Certaines zones restent inaccessibles aux observateurs et aux humanitaires, rendant encore plus difficile l’évaluation de l’ampleur des destructions.

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