Jean-Pierre Lacroix, chef des opérations de paix de l’ONU, a effectué une visite capitale en République Démocratique du Congo (RDC), du 13 au 20 septembre. Au cœur de cette visite figuraient des discussions avec les autorités nationales et régionales sur le mandat de la Monusco, la mission onusienne en RDC, souvent critiquée pour son inefficacité dans un contexte de violence persistante. Lacroix a notamment rencontré le président Félix Tshisekedi, et a clarifié la question du retrait de la Monusco, souvent mal comprise.
Le chef des opérations de paix de l’ONU, Jean-Pierre Lacroix, a terminé sa visite en République Démocratique du Congo (RDC) le 20 septembre après une semaine d’entretiens avec les autorités nationales et régionales. Son déplacement avait pour objectif principal de discuter du mandat de la Monusco, la mission de l’ONU pour la stabilisation en RDC, alors que le débat sur son retrait et l’efficacité de ses opérations continue de faire débat. Lacroix a rencontré le Président Félix Tshisekedi à Kinshasa, ainsi que d’autres membres du gouvernement, avant de se rendre dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri, où la situation sécuritaire demeure extrêmement fragile.
Retrait de la Monusco, le 31 décembre ?
Un des points centraux de cette visite était de clarifier la confusion entourant la date de retrait de la Monusco, supposément fixée au 31 décembre. Jean-Pierre Lacroix a démenti cette information, la qualifiant de « fantasmée » et précisant que ni le gouvernement congolais ni le Conseil de sécurité n’ont acté une telle date. Le retrait de la mission dépendra de l’évolution de la situation sur le terrain et des consultations futures avec les autorités locales. Cette mise au point était essentielle dans un contexte où la pression populaire pour un départ de la Monusco ne cesse de croître.
La visite a aussi permis à Lacroix d’évaluer la mise en œuvre des accords de paix de Luanda, qui visent à apaiser les tensions entre la RDC et le Rwanda, notamment concernant la situation dans l’Est du pays. Malgré les efforts, ces pourparlers continuent de rencontrer des difficultés, notamment en raison de la méfiance persistante entre les deux pays. Cependant, Jean-Pierre Lacroix s’est félicité que toutes les parties restent engagées dans le processus, et a appelé à un renforcement du mécanisme de dialogue. Il a également salué l’unanimité de la communauté internationale, particulièrement au sein du Conseil de sécurité de l’ONU, sur l’importance de ces négociations.
Moyens limités de la Monusco
Une autre question importante abordée durant la visite est celle de la coopération entre la Monusco et la force de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), déployée pour soutenir les efforts de stabilisation dans l’Est du pays. Bien que la force de la SADC soit désormais presque entièrement déployée, elle n’a pas encore atteint sa pleine capacité opérationnelle. La SADC a soumis à l’ONU une liste de besoins logistiques et opérationnels. Cependant, Lacroix a souligné que, compte tenu des moyens limités de la Monusco, cette dernière ne pourra pas répondre à toutes ces demandes, mais fera de son mieux pour offrir un soutien dans la mesure de ses capacités.
La Monusco, depuis son déploiement en 1999, rencontre de nombreuses difficultés pour stabiliser la région, notamment dans l’est du pays où les violences perpétrées par des groupes armés persistent. La mission est critiquée à la fois par les populations locales et certaines autorités pour son incapacité à enrayer les attaques contre les civils et à ramener la paix. Ces critiques ont conduit à des manifestations parfois violentes demandant le retrait de la Monusco, qui se retrouve dans une position délicate, oscillant entre la nécessité de protéger les civils et le besoin de restructurer ses opérations.
Répondre aux besoins de protection des civils
En dépit de ces défis, Jean-Pierre Lacroix a réaffirmé que la Monusco continuera de travailler aux côtés des autorités congolaises pour améliorer la sécurité, notamment dans les régions du Nord-Kivu et de l’Ituri, où la situation humanitaire est critique. Les déplacés internes se comptent par milliers, et les violences exacerbées par des conflits intercommunautaires rendent les opérations de paix d’autant plus compliquées. La mission s’efforce d’adapter ses stratégies pour répondre aux besoins de protection des civils, tout en maintenant une collaboration étroite avec les forces armées congolaises.
Concernant le retrait de la Monusco, Jean-Pierre Lacroix a tempéré les attentes, précisant que celui-ci dépendra de l’évolution de la situation sécuritaire et des discussions avec le gouvernement congolais et le Conseil de sécurité de l’ONU. Il a souligné que la mission ne peut pas se retirer tant que les conditions de sécurité ne sont pas réunies, car cela pourrait laisser un vide dangereux dans les zones encore instables. Le calendrier du retrait reste donc à définir et sera ajusté en fonction des progrès sur le terrain.