La crise s’installe au sein du mouvement rebelle congolais. Le chef d’état-major du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP), Bosco Ntaganda, a été accusé, mardi, de haute-trahison. Il avait déclaré que son chef, le rebelle Laurent Nkunda, avait été démis de ses fonctions par un groupe d’officiers du CNDP. Une déclaration qui s’ajoute aux mauvaises relations entretenues entre la Monuc et la rébellion, alors que des négociations doivent se tenir le 7 janvier.
C’est un incident qui en dit long sur la rébellion congolaise… Mardi, le général Bosco Ntaganda, le chef d’état major du Congrès nationale pour la défense du peuple (CNDP) a été accusé de haute-trahison. Son forfait, avoir transmis un communiqué à la radio britannique BBC, lundi, dans lequel il affirmait qu’un groupe d’officiers du CNDP avait démis de ses fonctions Laurent Nkunda. Le chef rebelle n’aurait-il plus la cote ? Bosco Ntanganda et le porte-parole du groupe, Désiré Kamanzi, s’accordent à dire que Laurent Nkunda échoue dans la gestion de son mouvement ce qui pourrait «s’avérer dangereux pour le CNDP et pour le peuple congolais ».
Si l’information a tout de suite été démentie par le numéro 2 de l’état major, le colonel, Makinga Sultani, il n’en reste pas moins que cette déclaration a jeté un sérieux discrédit sur Laurent Nkunda. S’agirait-il d’une petite mutinerie ? Le porte-parole militaire du CNDP se veut rassurant : « Le mouvement reste intact, ces organes continuent à fonctionner normalement ». Néanmoins, la rébellion devrait sanctionner le général dissident. Ses responsables ont décidé de se réunir, mardi, pour statuer sur le sort de Bosco Ntaganda.
La Monuc se rangerait-elle du côté du gouvernement congolais ?
Rien ne va plus au sein du CNDP. La Monuc, accusée de complicité avec le gouvernement congolais, par les rebelles de Nkunda, est, elle aussi, dans le collimateur. « A quel jeu joue vraiment la Monuc ? Ou plus exactement quel coup fourré manigance-t-elle ? », s’insurgeait dans un communiqué, lundi, Bertrand Bisimwa. Selon le porte-parole de la rébellion, elle entretiendrait la confusion sur la position des FARDC (armée gouvernementale) dans les zones de séparation le long des lignes de front de Kibati dans l’est du pays. Délire paranoïaque ou réalité ? Nul ne sait. En tout cas le CNDP multiplie, ces derniers temps, les récriminations contre la Monuc qui dément, de façon répétée, les allégations de la rébellion : « Contrairement aux accusations du CNDP (…), la Monuc s’efforce d’assurer la protection des civiles, de renforcer les institutions légitimes de la RDC et de favoriser la réconciliation nationale », explique la mission dans un communiqué daté du 2 janvier.
Vendredi, les rebelles avaient exigé une vérification de la médiation sur les lignes du front en préalable à la reprise des pourparlers. Une manière peut-être de retarder l’échéance. Cependant, la Monuc a depuis lors appelé le mouvement de Laurent Nkunda à reprendre comme prévu les négociations, le 7 janvier. Des discussions qui semblent, au vue de l’attitude du CNDP, plus que compromises.
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