En République Démocratique du Congo, le mois de janvier demeure symbolique. C’est en effet au cours de ce premier mois de l’année que les Congolais se souviennent de certains de leurs compatriotes assassinés pour les causes de ce vaste pays au cœur du continent africain.
Ainsi, en ce mois de janvier, les Congolais se souviennent tour à tour du vaillant colonel Mamadou Ndala, assassiné le 2 janvier 2014, des martyrs de l’indépendance assassinés le 4 janvier 1959 par les colons belge, de l’assassinat de Mzee Laurent Désiré Kabila, le 16 janvier 2001, et Patrice Emery Lumumba, le 17 janvier 1961.
Laurent Désiré Kabila est considéré comme l’un des plus grands maquisards de l’Afrique Centrale. Sa lutte pour la conquête du pouvoir remonte à 1967, alors qu’il était à la tête d’une révolution aux alentours du village Hewa bora, dans la partie Est du pays. Après l’effondrement de son fief, Kabila réapparaît encore sur la scène politique en septembre 1996. Il signe à Gisenyi un protocole créant le parti Alliance des Forces Démocratique de Libération.
En 1997, il accède au pouvoir après la conquête de toutes les provinces sous la conduite jadis de l’armée zaïroise. Après son accession au pouvoir, il partage les postes clés avec ses voisins cités ci-hauts. Il est alors soupçonné d’être à la merci de ses voisins du Rwanda et de l’Ouganda. Kabila enclenche la rupture avec le Rwanda et règne en autocrate.
Désormais, il prend les préoccupations de la nation congolaise à bras le corps. Le nouvel homme fort améliore le social de la population notamment les salaires des militaires, fonctionnaires de l’Etat, et réussit la stabilisation du taux de chômage. Le peuple congolais pense avoir enfin son dirigeant. Malheureusement, dans l’après-midi du 16 janvier 2001, il est assassiné dans son bureau à Kinshasa.
Que retiennent certains Congolais de la lutte de Laurent Désiré Kabila ?
Si son magistère reste entaché par la violation des droits de l’homme, notamment l’utilisation des enfants soldats, l’opinion retiendra tout de même que son règne a été marqué par la promotion de l’intérêt supérieur de la nation dans toutes ses décisions.
« Mzee était un patriote. Nos besoins vitaux étaient pris en compte. Le peuple est au centre de son attention. Aujourd’hui, la nation congolaise reste orpheline. Kabila avait une vision pour ce pays », précise un fonctionnaire de l’Etat
« On retient l’amour de la patrie, cette passion de travailler pour le bien-être de la nation. Donc c’est cette vocation de sortir le pays du carcan dans lequel il était, en luttant pour le désenclavement par l’émergence et le développement », note Christian Buzangu, étudiant à l’Université Officielle de Bukavu
« Mzee était diffèrent des autres dirigeants. A son époque, nous étions bien considérés. Nos efforts étaient gratifiés (…) Sa célèbre citation : « Ne jamais trahir le Congo », taraude encore ma mémoire », se souvient avec tristesse un officier des forces armées de la République Démocratique du Congo qui a requis l’anonymat
« Un héros, un patriote, un leader politique, un homme qui nous a sortis de la dictature du Président Mobutu », lâche Jephté Kiaku, un jeune Congolais sur son compte Twitter.
Quel sens les Congolais accordent-il à la lutte de Patrice Emery Lumumba, 59 ans après son assassinat ?
Patrice Emery Lumumba n’est pas à présenter. Sa lutte contre le colonialisme et ses multiples rencontres avec d’autres leaders panafricains ont fait de lui une icône de l’anticolonialisme en Afrique francophone. Doué d’imagination, Lumumba n’a pas cédé à la répression face aux Belges. La preuve, à l’occasion de la cérémonie de l’accession à l’indépendance, le 30 juin, il prononce un discours plutôt patriotique et non de remerciement.
Le 17 janvier 1961, Patrice Emery Lumuba et ses deux partisans, Joseph Okito et Maurice Mpolo, sont fusillés à Elisabethville, après plusieurs jours de torture. En 1966, Mobutu Sese Seko, alors Président du pays, consacre Lumumba héros national. Un geste politique qui vise à saluer la mémoire d’un patriote comme le précise l’enseignant congolais, Antoine Cimenesa.
Patrice Emery Lumumba : un combat politique à méditer
« Patrice Emery Lumumba est égal à Moise qui a fait sortir le peuple israélite en Egypte », note l’internaute Emmanuel Loko. « Lumumba, du fait de son identité tetela, avait son électorat naturel dispersé dans l’ensemble du pays. Ce qui l’obligeait à jouer une carte nationaliste unitaire », précise pour sa part l’historien congolais Isodore Ndaywel, dans l’un de ses ouvrages.
« La lutte de Lumumba se résume en un mot : le patriotisme. En tout cas, il était un vrai militant. Sans lui, je ne sais pas ce que nous serions aujourd’hui. Nous sommes appelés à accorder beaucoup de considération à sa lutte. Pourquoi ne pas l’imiter !», s’exclame Gladdy Bokungu, étudiante en communication à l’Université de Kisangani, dans la partie Nord-Est du pays.