A l’occasion de son message à la nation du lundi 30 décembre 2019, le porte-flambeau de la coalition Lamuka, Martin Fayulu, avait annoncé l’organisation, le 17 janvier 2020, d’une marche de deuil pour les victimes des massacres à l’Est du Congo, et d’indignation contre le plan de balkanisation du pays. Mais à quelques jours de cet événement, le gouverneur de Kinshasa, Gentiny Ngobila, s’oppose à sa tenue.
C’est à travers une correspondance adressée, le 14 janvier 2020 à la coalition Lamuka, en réponse à la lettre à lui envoyée, le vendredi 10 janvier 2020, pour solliciter l’autorisation d’organiser la marche du 17 janvier, que le gouverneur de Kinshasa a signifié son opposition à la tenue de la manifestation. « A ce propos, tout en louant votre démarche patriotique et considérant également que tous les Congolais commémorent, à la date du 17 janvier 2020, le sacrifice consenti par notre héros national, Patrice Emery Lumumba, je ne saurai prendre acte de votre organisation, qui, au regard du contexte politique actuel, est susceptible de perturber l’ordre public », lit-on dans le courrier.
Mais, déjà lundi, à l’occasion d’un point de presse qu’il a tenu à Kinshasa, Martin Fayulu avait indiqué que la marche tiendrait au jour indiqué même s’il y avait interdiction. « C’est un jour de notre martyr et héros national. Nous allons marcher pour les tueries de nos frères de Beni, Yumbi, Butembo et partout, et nous allons aussi, à travers ladite marche, nous indigner contre le projet de balkanisation du pays », a-t-il laissé entendre, avant d’adresser une invite au gouverneur de Kinshasa : « Que Gentiny Ngobila aille travailler au lieu de s’occuper de la commémoration. Qu’il s’occupe d’abord de la propreté de la ville et de l’opération Kin-Bopeto. Il a lancé le slogan ici, la ville est extrêmement sale ».
Si cette position de Martin Fayulu est antérieure à la correspondance de Gentiny Ngobila, la réponse du porte-parole de la coalition Lamuka, Steve Kivuata, à l’adresse du gouverneur ne s’est pas fait attendre : « La marche est maintenue pour le 17 janvier 2020. Nous nous sommes fondés sur l’article 26 de la Constitution, pour l’organisation de notre manifestation. Le Gouverneur se fonde sur l’arbitraire pour l’interdire, sans aucune référence à une disposition constitutionnelle, légale ». Et il poursuit : « Il s’agit ainsi, au regard de l’article 28 de la Constitution, d’un ordre manifestement illégal, puisqu’il porte atteinte à une liberté publique, celle de manifester. Nous sommes appelés, conformément aux vœux du constituant, à ne pas y obéir ».
Si cette marche prévue pour partir de la place Pascal, dans la commune de Masina, et échouer à l’échangeur de Limete où se trouve la statue de Patrice Lumumba, est effectivement maintenue, des tensions, voire des affrontements avec les forces de l’ordre sont à craindre.