![M23- Des rebelles du M23](https://www.afrik.com/wp-content/uploads/2023/11/m23-696x392.jpg)
Bukavu, capitale de la province du Sud-Kivu, située à l’Est de la République Démocratique du Congo (RDC), est tombée sous le contrôle des rebelles du M23. Un évènement qui marque un tournant dans l’escalade des tensions dans la région. Ce coup de force s’inscrit dans une série d’avancées militaires menées par le M23, qui a rapidement pris le contrôle de plusieurs zones stratégiques, notamment l’aéroport de Kavumu, situé à une vingtaine de kilomètres de Bukavu.
Les rebelles du M23 sont entrés dans les quartiers périphériques du nord-ouest de Bukavu avec une surprenante facilité, s’emparant presque sans résistance de ces zones. Selon des sources locales, la ville n’a pas vu de combats significatifs, notamment dans les quartiers où l’armée congolaise était censée assurer la sécurité. En effet, la radio Okapi, organe de l’ONU, a rapporté que, peu avant l’arrivée des rebelles, les forces armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) avaient évacué leurs positions sans opposer de résistance.
Une prise rapide et sans grande résistance
Cette désorganisation a permis au M23 de prendre le contrôle de la ville sans rencontrer d’obstacles significatifs. Le président de la société civile de Bukavu, Allain Shindano, a confirmé la situation. Cette prise de Bukavu intervient quelques heures après la conquête de l’aéroport de Kavumu, un site stratégique pour les rebelles, qui leur permet de contrôler une zone clé autour de la ville.
La prise de Bukavu s’accompagne d’un climat de panique parmi la population locale, qui a vécu une nuit d’angoisse. Les habitants craignent des violences supplémentaires, notamment en raison de l’absence de forces de sécurité et du départ précipité des autorités locales. La situation s’aggrave au fur et à mesure que les rebelles poursuivent leur avancée dans la région, après avoir pris plusieurs autres localités dans le Sud-Kivu, telles que Ihusi, Kabamba et Kalehe-Centre.
Un climat de peur et d’incertitude parmi les habitants
La peur d’une escalade des violences domine les conversations parmi la population, qui redoute des affrontements ouverts. Les appels de la société civile, exprimés dans une lettre adressée aux autorités locales ces derniers jours, ont exhorté l’armée congolaise à éviter des combats en ville pour ne pas aggraver la situation. Leur objectif était de prévenir une « boucherie humaine », ce qui reflète la tension palpable et la fragilité de la situation.
Lire : RDC : le M23 prend le contrôle de l’aéroport de Kavumu dans le Sud-Kivu
L’Agence des Nations unies pour les réfugiés (HCR) a exprimé une grande inquiétude face à la détérioration rapide de la situation humanitaire. En effet, quelque 350 000 personnes ont été déplacées par les récentes offensives dans le Sud-Kivu et se retrouvent sans abri, dans une région déjà fragilisée par des années de conflits. Le HCR a souligné l’urgence de l’aide humanitaire pour faire face à la crise et soutenir les populations déplacées.
Une région sous tension constante
La situation au Sud-Kivu ne semble pas prête de se stabiliser. Les affrontements entre les forces congolaises et le M23 se sont intensifiés, malgré les appels internationaux à un cessez-le-feu immédiat. Lors d’un sommet à Dar-es-Salaam le 8 février, les dirigeants de la Communauté de l’Afrique de l’Est (EAC) et de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) avaient demandé une cessation des hostilités. Toutefois, le M23 a ignoré cet appel, poursuivant ses attaques et provoquant une nouvelle vague de violences.
Lire : Le Président angolais assure que le dialogue avec le M23 est la seule solution à la crise en RDC
En réponse, le gouvernement congolais a fermement condamné la violation du cessez-le-feu et exigé des sanctions contre les responsables de ces violations. Le M23, né en 2012 de militaires dissidents de l’armée congolaise, a connu plusieurs victoires militaires au fil des ans. Bien qu’il ait été défait en 2013, il a repris les armes en 2022 et a rapidement reconquis plusieurs localités dans le Nord-Kivu.
Accusations contre les rebelles du M23
Le M23 est accusé par le gouvernement congolais de recevoir un soutien actif du Rwanda, qui serait intéressé par les ressources minières de la région. Des rapports d’agences onusiennes ont suggéré un soutien militaire rwandais aux rebelles, mais le Rwanda a catégoriquement rejeté ces accusations, affirmant que le M23 est un mouvement purement congolais, dirigé par des Congolais, bien que ses membres parlent principalement le kinyarwanda.