RDC : la tenue à bonne date des élections en voie d’être hypothéquée ?


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Félix Tshisekedi de la RDC
Félix Tshisekedi, Président de la RDC

En RDC, les élections générales doivent avoir lieu le 20 décembre. Les Congolais vont élire leur président de la République, leurs députés nationaux et provinciaux ainsi que les conseillers municipaux. Alors qu’une bonne partie de la population et particulièrement les acteurs politiques de l’opposition attendent impatiemment ces élections, des signes évocateurs d’un éventuel report du scrutin commencent à poindre à l’horizon. De quoi amener l’opposition à dégainer immédiatement.

Les élections en RDC auront-elles lieu le 20 décembre ou pas ? La question se pose de plus en plus en plus dans le pays. Surtout depuis les récentes sorties médiatiques du Président Félix Tshisekedi, d’une part, et du président de la CENI, Denis Kadima, d’autre part.

Des sorties inquiétantes

Le premier a abordé la question, le 27 février dernier, devant le Conseil des droits de l’homme à Genève. Félix Tshisekedi avait attiré l’attention sur la menace que faisait peser la guerre à l’Est de la RDC sur la tenue effective des élections générales de décembre 2023. Il avait alors invité la communauté internationale à s’impliquer davantage aux côtés de la RDC pour la restauration de la paix et de l’autorité de l’État dans cette partie du territoire national.

Une seconde fois, Félix Tshisekedi est revenu sur le sujet. Cette fois-ci, lors de la conférence conjointe tenue avec Emmanuel Macron, en visite en RDC, samedi dernier. « Est-ce qu’il faut stopper le processus d’enrôlement des électeurs en attendant que la paix revienne, avec le risque que cela impacte le respect du calendrier ? », s’était interrogé le Président congolais.

Hier, c’était au tour du président de la CENI de révéler au grand jour les difficultés financières que traverse actuellement la structure chargée d’organiser les élections. « Je parie qu’avec la guerre, peut-être les ressources ne suivent pas, mais en ce qui nous concerne, nous constatons que nous venons d’entrer le sixième mois et c’est très inquiétant… Nous sommes déjà en train de préparer les scrutins et nous sommes bloqués », a déclaré Denis Kadima. Et d’ajouter : « Depuis octobre, nous n’avons pas reçu non seulement les frais de fonctionnement, mais aussi les frais des opérations et des rémunérations. D’octobre 2022 à mars 2023, nous n’avons rien reçu ».

L’opposition vent debout contre tout report du scrutin

Du côté de l’opposition, il n’est pas question de laisser Félix Tshisekedi faire une minute de plus que son mandat à la tête de l’État. Sur la question, Martin Fayulu, candidat malheureux de la dernière Présidentielle, ne mâche pas ses mots : « Nous rappelons à Félix Tshisekedi que le mandat qu’il a usurpé, comme tout le monde l’a confirmé, prend fin le 23 janvier 2024 à minuit. Qu’il y ait élections ou pas, il doit faire ses valises et partir à cette date-là. Nous ne transigerons pas sur le délai constitutionnel », a-t-il martelé.

L’ancien Premier ministre Adolphe Muzito n’a pas non plus manqué de réagir. Pour lui, le problème soulevé par le Président Tshisekedi est bien pertinent. Seulement, il revient en tant que chef de l’État « d’évacuer, d’éliminer tous ces risques, pour que les élections se tiennent dans les délais constitutionnels », précise le chef du parti Nouvel Élan.

Et ce n’est pas le parti Ensemble pour la République de Moïse Katumbi qui aura une position contraire. « La situation à l’Est du pays ne devrait pas constituer un prétexte pour le Président Tshisekedi », soutient Chérubin Okende Senga, porte-parole de Moïse Katumbi. Avant de poursuivre : « Je dois rappeler que lui-même (Félix Tshisekedi, ndlr), à l’orée de son investiture, avait promis au peuple congolais d’établir son état-major à l’Est du pays, pour éradiquer les forces étrangères et toutes les forces négatives. Quatre ans après, c’est une incapacité de la part du régime en place de pouvoir restaurer la paix dans cette partie de la République ».

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Par Serge Ouitona, historien, journaliste et spécialiste des questions socio-politiques et économiques en Afrique subsaharienne.
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