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Malgré les appels à la reprise lancés par les autorités scolaires, les établissements de Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu, peinent toujours à accueillir les élèves. Depuis trois semaines, la situation sécuritaire dégradée en raison des affrontements entre l’armée congolaise et les rebelles du M23 empêche le retour à la normale dans les écoles de la ville.
Ce lundi 17 février, alors que plusieurs établissements avaient rouvert leurs portes, l’affluence des élèves était extrêmement faible. Dans certaines écoles, seuls les enseignants et le personnel administratif étaient présents, sans élèves en classe.
Des parents inquiets pour la sécurité de leurs enfants
Dans plusieurs quartiers de la ville, les parents restent réticents à envoyer leurs enfants à l’école, par crainte pour leur sécurité. « Nous sommes avec nos enfants à la maison. Nous attendons le rétablissement de la paix dans toute la ville. La population est traumatisée et les parents préfèrent garder leurs enfants à l’abri », explique à Actualite.cd, Justine Chibalonza, une mère d’élève. Cette dernière insiste sur le fait que parents d’élèves et élèves ont vu les images du drame qui s’est produit à Goma. Ce qui n’est pas de nature à les rassurer quant à la sécurité dans la ville.
De son côté, Bahati Kiza Adolphe, un autre parent, partage cette inquiétude : « Comment voudriez-vous qu’on envoie les enfants à l’école sachant qu’ils ne seront pas en sécurité ? Nous demandons avant tout le rétablissement de la paix ».
Des écoles occupées par des déplacés et des familles de militaires
Dans certains quartiers comme Mabanga Nord, l’occupation de bâtiments scolaires par des familles de militaires ayant fui le camp Katindo complique également la reprise des cours. Cette situation rend difficile l’organisation des activités scolaires, selon plusieurs parents qui expriment des préoccupations sur les conditions d’enseignement. Malgré ce climat d’insécurité, certaines écoles secondaires ont décidé de relancer progressivement leurs activités académiques. À l’Institut Zaner, par exemple, les examens hors session ont débuté malgré l’absence de plusieurs élèves. « Aujourd’hui nous avons débuté les examens hors session. Certains élèves ont répondu présent et nous comptons poursuivre avec les examens proprement dits dès demain vu que nous avions perdu beaucoup de jours à la maison, nous invitons les autres à venir demain », a déclaré Malangule Muloba Anaclet, préfet des études.
Certaines écoles catholiques, comme l’Institut Mwanga, ont suivi l’appel à la reprise lancé par l’autorité provinciale de l’éducation du Nord-Kivu, le 7 février. Les établissements non affectés par les violences ont été encouragés à rouvrir dès le 10 février, bien que la fréquentation reste très faible.
Une reprise progressive et sous conditions
La reprise des cours à Goma semble donc dépendre de l’évolution de la situation sécuritaire. Pour les écoles ayant subi des destructions, comme l’école du Cinquantenaire, un retour en classe ne pourra se faire qu’au fur et à mesure de la réhabilitation des infrastructures.
Les autorités scolaires insistent sur l’importance de garantir un cadre sécurisé et des conditions d’enseignement acceptables avant d’espérer une reprise effective des activités académiques. En attendant, la peur et l’incertitude continuent de peser sur les familles de Goma. Surtout que dans la province voisine du Sud-Kivu, l’avancée des rebelles se fait avec une étonnante facilité.