Les combats ont repris, depuis une semaine, au Congo. Onze jours à peine après la signature des accords de paix « historiques » de Pretoria censés mettre fin à cinq ans de guerre civile, la République replonge dans la guerre et le drame humanitaire. La communauté internationale s’indigne.
Depuis près d’une semaine, les combats reprennent au Congo (RDC). L’accord de paix signé le 17 décembre dernier à Pretoria qui devait prendre effet début 2003 paraît déjà lettre morte. Dans le Nord-Est du pays, un premier front s’est ouvert, opposant le Mouvement de libération du Congo (MLC) de Jean-Pierre Bemba au Rassemblement congolais pour la démocratie-Mouvement de libération (RCD-ML) de Mbusa Nyamwisi. Alors que le premier est soutenu par l’Ouganda, armé par la Libye et allié aux forces du Rassemblement congolais pour la démocratie-National (RCD-N), le second, soutenu par les Forces armées congolaises (Fac), défend les intérêts de Kinshasa.
Drame humanitaire
Dans la très riche région de l’Ituri, les organisations non-gouvernemenales font état de plus de 40 000 réfugiés fuyant vers Kinshasa. Ces chiffres, confirmés par l’Onu, ne prennent pas en compte les victimes qui fuient parallèlement la zone des combats pour se réfugier en Ouganda. 70 000 autres personnes auraient quitté la ville de Béni, capitale administrative d’une partie du Nord-Est du Congo. Le RCD-ML dénonce de plus, par la bouche de son chargé des Relations extérieures, Honoré Kadima, des cas de cannibalisme dans les rangs du RCD-N et du MLC. Jean-Pierre Bemba a totalement récusé ces accusations
Au sud du pays, entre Uvira et Baraka, des combats ont éclaté entre le Rassemblement congolais pour la démocratie, soutenu par le Rwanda, et les miliciens Maï-Maï, alliés de Kinshasa. Ces derniers seraient soutenus localement par les miliciens Hutus rwandais interahamwe et les Hutus burundais des Forces pour la défense de la démocratie (FDD). En même temps que l’accord de paix « historique » signé sous la médiation sud-africaine, l’accord de retrait des troupes étrangères du Congo semble donc caduc.
Protestations internationales
En réponse à cette reprise des combats, le Conseil de sécurité de l’Onu a « fermement condamné la reprise des combats » et a demandé « à toutes les parties qui y sont impliquées de mettre immédiatement un terme aux hostilités », par la voix son président en exercice, l’ambassadeur colombien Alfonso Valdivieso. De son côté, l’Union africaine « condamne ces combats et les exactions commises contre les populations civiles qui sont injustifiées, particulièrement après la signature des accords de Pretoria », selon un communiqué de son président intérimaire, Amara Essy, publié depuis Addis-Abeba. Enfin, dans une ultime tentative pour sauver la paix, Joseph Kabila a demandé aux différents protagonistes de bien vouloir se rencontrer les 5 et 6 janvier prochain et de cesser les hostilités. Des requêtes et des protestations qui ne semblent pas faire mouche auprès des belligérants.