A Kinshasa comme à Goma, plusieurs dizaines d’activistes ont été arrêtés, depuis dimanche, en République Démocratique du Congo (RDC). Une situation qui préoccupe à l’international.
« Les activistes n’ont qu’à bien se tenir!» Tout porte à croire que c’est le message que le gouvernement congolais délivre. Les arrestations d’activistes se multiplient en République Démocratique du Congo (RDC). Au moins une trentaine d’entre eux ont été interpellés, depuis dimanche, dont les leaders des mouvements citoyens sénégalais « Y en a marre », burkinabè « Le Balai citoyen » ou encore congolais « Flimbi ». Ces derniers ont été arrêtés après avoir donné une conférence sur la citoyenneté à Kinshasa. Ils sont détenus par les services de renseignements congolais.
De son côté, le ministre de la Communication et des médias, Lambert Mende, a déclaré aux journalistes que les activistes provenant du Sénégal et du Burkina Faso étaient venus pour « promouvoir la violence en assurant une sorte de formation, une sorte de coaching de certains groupes de jeunes proches d’une certaine opposition à l’usage des instruments de violence contre d’autres groupes ou contre des institutions de la République ».
De même à Goma, dans l’est du pays, dix membres du mouvement Lutte pour le changement (Lucha) ont été arrêtés, après s’être rendus devant les locaux de l’Agence nationale de renseignement pour réclamer la libération immédiate de l’un des leurs, détenu depuis dimanche à Kinshasa, selon les médias locaux. Cette manifestation pacifique avait pourtant été autorisée par la mairie, il n’y avait donc pas lieu que la police intervienne pour mener des arrestations, selon les protestataires, qui se sont confiés à RFI. D’autant que deux ressortissants belges, qui participaient à la manifestation, ont rapidement été libérés, alors que les dix autres manifestants congolais ont été arrêtés, dénoncent-ils.
Human Rights Watch tire la sonnette d’alarme
L’ONG de de défense des droits de l’Homme, Human Rights Watch, dénonce de son côté que « l’arrestation d’au moins 26 activistes et autres personnes à Kinshasa, le 15 mars 2015, soulève de sérieuses inquiétudes quant à une répression plus large de la liberté d’expression en amont de l’élection présidentielle de 2016 en République Démocratique du Congo ». Selon l’ONG, les arrestations, dont celles de journalistes étrangers et d’un diplomate américain, ont eu lieu dans la foulée d’une conférence de presse organisée par le mouvement d’action civique de jeunes Congolais Filimbi et parrainée par l’ambassade des Etats-Unis à Kinshasa.
« La détention d’activistes pro-démocratie par le gouvernement congolais est le tout dernier signe alarmant de la répression de manifestations pacifiques avant le scrutin présidentiel de l’année prochaine », a expliqué Ida Sawyer, chercheuse senior à la Division Afrique de Human Rights Watch. « Ces dernières arrestations en date sont le signe d’une répression inquiétante de la liberté d’expression et de réunion en RD Congo – éléments fondamentaux d’un processus électoral libre, transparent et pacifique, a ajouté Ida Sawyer. Les responsables de mouvements de jeunes, les musiciens et les activistes devraient pouvoir se rencontrer, discuter et apprendre sans craindre d’être arrêtés ».
Dans un communiqué publié le 16 mars, l’ambassade des Etats-Unis à Kinshasa a, pour sa part, déclaré que l’atelier organisé par Filimbi était l’une des nombreuses activités que le gouvernement américain appuie et à laquelle participent les jeunes et la société civile. « Ces groupes de jeunes connus, respectés et non-partisans et les organisateurs des événements de ce week-end comptaient promouvoir la participation de la jeunesse congolaise au processus politique et encourager les jeunes à exprimer leur point de vue sur les questions qui les concernent », selon l’ambassade des Etats-Unis, soulignant que « des membres du gouvernement congolais et des partis de la coalition au pouvoir étaient invités et certains d’entre eux étaient présents lors de cet événement. »