RDC : la brouille avec le Rwanda s’invite à nouveau à la Francophonie


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Patrick Muyaya, porte-parole du gouvernement de la RDC
Patrick Muyaya, porte-parole du gouvernement de la RDC

La RDC refuse de célébrer la Journée internationale de la Francophonie (JIF) édition 2024. En effet, le gouvernement congolais accuse l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) de ne pas le soutenir dans l’agression dont le pays est victime dans sa partie orientale de la part du Rwanda, .

20 mars ! C’est la Journée internationale de la Francophonie normalement célébrée dans tous les pays ayant en partage la langue française. Comme la République Démocratique du Congo qui est d’ailleurs le plus grand pays francophone du monde. Mais cette année, le pays de Félix Tshisekedi a refusé de commémorer cette journée. Et pour cause ! Au cours d’un point de presse, ce mardi, le porte-parole du gouvernement congolais, Patrick Muyaya, a exposé les raisons qui motivent cette décision.

Au cœur du problème, la question de l’agression du M23 qui oppose la RDC au Rwanda. Et ce n’est pas la première fois que ce problème s’invite à la Francophonie. « Nous ne nous sentons pas suffisamment considérés parce que nous sommes le premier bassin de la Francophonie au monde en termes de locuteurs, nous venons devant la France. Nous avons noté qu’il n’y avait pas le soutien qu’il fallait dans cette crise venant de la Francophonie, avec des propositions concrètes au-delà des condamnations classiques », fait observer, dans un premier temps, Patrick Muyaya.

La secrétaire générale de l’OIF directement visée

Dans ses propos, Patrick Muyaya vise directement la première responsable de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), l’ancienne ministre des Affaires étrangères du Rwanda, Louise Mushikiwabo. « Nous avions fait les jeux de la Francophonie où la secrétaire générale attendait de se faire inviter pour venir pour une activité qui était sous sa direction. La Francophonie n’appartient pas à un État », soutient le porte-parole du gouvernement congolais. Avant de déplorer : « Malheureusement, dans la Francophonie actuelle, on confond son ex-rôle à la tête des Affaires étrangères du Rwanda et celui de secrétaire générale de la Francophonie où on ne peut pas se prononcer de manière claire, sans ambages et œuvrer pour être sûr qu’au sein de la grande communauté francophone, il n’y a pas de Congolais qui meurent ou qui sont tués tels que cela se passe ».

C’est en 2018 que Louise Mushikiwabo a été portée à la tête de l’OIF après une élection pour laquelle elle a bénéficié du soutien, non seulement de l’ensemble des pays francophones de l’Union africaine, mais également de la France qui cherchait ainsi à apaiser les tensions avec le Rwanda au sujet de la question du génocide de 1994. En 2022, elle a été réélue à la tête de l’Organisation pour un nouveau mandat de quatre ans.

La RDC va-t-elle quitter l’OIF ?

Au cours de son point de presse, Patrick Muyaya a également agité la menace du retrait de son pays de l’OIF. « Nous allons évaluer notre appartenance à la Francophonie, et à l’issue de cette évaluation, des décisions seront prises. L’option de quitter la Francophonie pour beaucoup de Congolais n’est pas à exclure », a-t-il indiqué. La RDC envisage-t-elle sérieusement d’aller vers un retrait de l’OIF ou tente-t-elle de faire du chantage à l’Organisation et particulièrement à la France ? Sans doute, les prochaines semaines fixeront les uns et les autres sur la question.

Il sied de préciser que pour le compte de cette année, la JIF est placée sous le thème : « Créer, innover, entreprendre en français ».

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Par Serge Ouitona, historien, journaliste et spécialiste des questions socio-politiques et économiques en Afrique subsaharienne.
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