La compilation des résultats des élections législatives du 28 novembre en République démocratique du Congo a repris ce mercredi. Le scrutin fait déjà l’objet de contestation au sein de l’opposition. Alors que le calme revient peu à peu dans le pays, de nouvelles violences sont à craindre après les affrontements sanglants entre les partisans de l’opposant Etienne Tshisekedi et du Président Kabila vainqueur de l’élection présidentielle.
La République démocratique du Congo (RDC) en alerte. La compilation des résultats des législatives du 28 novembre a repris ce mercredi. Mais le scrutin pourrait bien constituer un nouveau champ de bataille entre l’opposant Etienne Tshisekedi, chef de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UPDS), et le président Kabila, donné vainqueur de l’élection présidentielle. Alors que les résultats définitifs ne seront publiés que le 13 janvier prochain, la publication des résultats d’une quarantaine de « centre de compilation » fait déjà l’objet de nombreuses protestations au sein de l’opposition.
« C’est exactement le même hold-up que pour la présidentielle », selon Albert Moleka, directeur de cabinet d’Étienne Tshisekedi. « Le processus électoral a perdu toute crédibilité et la CENI aussi », clame-t-il. Il estime que « le processus électoral a perdu toute crédibilité et la CENI aussi ».
Suite aux nombreuses irrégularités qui ont entaché l’élection présidentielle, l’Union Européenne a menacé le 20 décembre de « réévaluer son soutien » au pays si des progrès ne sont pas effectués lors du dépouillement des votes des législatives. Pour répondre à ces attentes, la Commission nationale électorale indépendante (CENI) avait décidé de suspendre le 21 décembre la compilation des résultats en attendant l’arrivée des britanniques et des américains chargés d’assurer la transparence du processus. Un processus que la CENI a décidé de reprendre, alors que les experts n’arriveront pas dans le pays avant début janvier, selon le département d’Etat américain.
L’opposition ne capitule pas
Pour le directeur de cabinet d’Etienne Tshisekedi, « c’est un peu bizarre de faire venir ces experts seulement pour les législatives. Les deux élections se sont passées le même jour, dans les mêmes bureaux de vote. On ne peut pas dissocier les deux scrutins ».
De son côté Thomas Luhaka, député du Mouvement de libération du Congo (MLC, premier groupe d’opposition parlementaire) est plus optimiste. Selon lui, « si les experts sont assez nombreux et qu’ils s’impliquent vraiment, on pourra sauver les résultats des législatives ». « Il va y avoir une reconfiguration de l’espace politique. Une hypothèse, c’est que certains partis de la majorité présidentielle acceptent de se joindre à nous pour former une coalition majoritaire », espère-t-il.
De nouvelles violences à l’horizon
Cette situation tendue pourrait à nouveau déclencher des affrontements entre les partisans des deux parties. L’opposition n’a toujours pas digéré les résultats de la présidentielle. Et pour étouffer la contestation, les forces de l’ordre ont mené une dure répression contre les sympathisants d’Etienne Tshisekedi, également interdits de manifester. L’opposant historique qui n’a pas désarmé considère être le véritable chef d’Etat de la RDC. Il s’est autoproclamé président et a prêté serment le 23 décembre à huit clos dans sa résidence de Limete, à Kinshasa. Il avait prévu une cérémonie publique au stade des Martyrs mais les autorités l’ont empêché de sortir de chez lui et ont bloqué toutes les rues qui menaient au lieu de rendez-vous. Ses partisans ont également été contraints de renoncer au rassemblement.
Mais l’opposition n’en reste pas là. Contacté par Afrik.com, le conseiller d’Etienne Tshisekedi, Olivier Baudry de Vaux, a assuré que le cabinet d’avocats Roland Marmillot, du barreau d’Avignon, rassemble actuellement tous les éléments démontrant qu’il y a eu des fraudes lors de l’élection du 28 novembre ainsi que des violations des droits de l’homme. « Nous soumettrons ensuite le dossier à toutes les instances juridiques internationales », a-t-il affirmé.