RDC : l’Union européenne annonce une aide humanitaire d’urgence de 60 millions d’euros pour les populations du Nord-Kivu


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Nabila Massrali, porte-parole du service diplomatique de l'Union européenne
Nabila Massrali, porte-parole du service diplomatique de l'Union européenne

L’Union européenne (UE) a annoncé une aide humanitaire d’urgence d’un montant de 60 millions d’euros en faveur des populations déplacées dans l’est de la République Démocratique du Congo (RDC), une région en proie à des combats violents entre les Forces Armées Congolaises (FARDC) et le groupe armé rebelle M23. Cette décision survient alors que la situation dans la province du Nord-Kivu, en particulier à Goma, la capitale régionale, continue de se dégrader sous l’intensification des affrontements.

Une aide indispensable face à la crise humanitaire

L’annonce de cette aide a été faite par la Commission Européenne, ce mardi 26 janvier, qui souligne l’urgence de la situation humanitaire dans la région. « Face aux récents développements dans l’Est du pays, l’Union européenne est déterminée à renforcer son aide d’urgence pour soutenir les populations déplacées de Goma et des zones environnantes », a déclaré la Commission dans un communiqué. L’aide, qui se concentre sur les besoins les plus pressants des déplacés, couvrira notamment la fourniture d’abris, la distribution de vivres, ainsi que l’installation de systèmes d’approvisionnement en eau potable.

Avec cette nouvelle contribution, l’Union européenne porte à plus de 272 millions d’euros le montant total de l’aide humanitaire qu’elle a allouée à la RDC depuis le début de l’année 2023. Cette somme s’ajoute aux efforts déjà considérables de l’UE pour répondre à la crise dans l’Est du pays, où des centaines de milliers de personnes ont été contraintes de fuir leurs foyers à cause des violences. Le financement servira à soutenir diverses organisations humanitaires opérant dans la région et à renforcer leur capacité à apporter une aide rapide et efficace à ceux qui en ont besoin.

Une situation alarmante : l’attaque du M23 sur Goma

La commissaire européenne chargée de l’aide humanitaire, Hadja Lahbib, a précisé que l’accès humanitaire reste un immense défi pour les acteurs humanitaires, en raison de la violence des combats. Néanmoins, elle a assuré que les fonds seraient débloqués sans délai afin d’aider à répondre aux besoins urgents des populations. Le groupe rebelle M23 a intensifié ses attaques dans le Nord-Kivu depuis le mois de mars 2022.

Initialement créé en 2012 par des militaires dissidents de l’armée congolaise, le M23 avait été défait en 2013 après une offensive conjointe des FARDC et de la MONUSCO (la mission de maintien de la paix des Nations Unies en RDC). Cependant, le groupe a repris les armes l’année dernière, s’emparant de plusieurs localités stratégiques dans la province du Nord-Kivu. Depuis le début de l’offensive de 2022, le M23 a fait de Goma, une ville de près d’un million d’habitants, un objectif.

Intérêts stratégiques liés aux richesses minières de la région

Goma est une ville clé de la région, située à la frontière avec le Rwanda, et est un important centre économique et logistique pour l’Est de la RDC. L’attaque du M23 sur cette ville a provoqué un afflux massif de déplacés, qui se sont réfugiés dans des camps de fortune, exacerbant une crise humanitaire déjà grave. Le gouvernement congolais accuse fermement le Rwanda de soutenir le M23 en lui fournissant une aide militaire, un soutien qui serait motivé par des intérêts stratégiques liés aux richesses minières de la région.

Ces accusations reposent sur des rapports d’agences onusiennes qui pointent une implication rwandaise dans les activités du groupe rebelle. Pour la RDC, le M23 représente une menace terroriste et tout dialogue avec ce groupe est rejeté catégoriquement. De son côté, le Rwanda rejette ces accusations. Kigali affirme que le M23 est un mouvement exclusivement congolais, dirigé par des Congolais, bien que ses membres parlent majoritairement le kinyarwanda, la langue rwandaise.

Le M23, est une menace sécuritaire directe ?

Selon le gouvernement rwandais, les rapports des Nations Unies sont biaisés et ne reflètent pas la réalité du terrain. Kigali souligne également que le M23 était composé de membres qui avaient cherché refuge au Rwanda après avoir été désarmés en 2013, et qu’ils ont ensuite été remis aux autorités congolaises. Pour le Rwanda, le M23 est une menace sécuritaire directe, et le pays considère la montée en puissance de ce groupe rebelle comme un moyen de déstabiliser sa propre sécurité.

Le ministre rwandais des Affaires étrangères, Olivier Jean Patrick Nduhungirehe, a déclaré que la RDC, par son soutien au M23, s’est associée à diverses forces et groupes armés, dont les Forces Démocratiques de Libération du Rwanda (FDLR), des milices accusées de génocide. Selon Nduhungirehe, ces alliances visent à saper la stabilité du Rwanda.

Des accusations mutuelles et des tensions croissantes

La situation reste tendue et les accusations réciproques entre Kinshasa et Kigali compliquent la résolution du conflit. La RDC accuse le Rwanda de déstabiliser la région en soutenant le M23, tandis que le Rwanda rétorque en dénonçant l’implication de la RDC dans des alliances militaires contre son propre gouvernement. Ces accusations ont exacerbé les tensions entre les deux pays, alimentant un cycle de méfiance et de violence.

Cette situation a également des conséquences dramatiques pour la population civile, qui subit de plein fouet les effets de la guerre. Des milliers de Congolais ont été contraints de fuir les combats, et beaucoup vivent désormais dans des conditions précaires dans des camps de déplacés. L’UE, en annonçant son aide humanitaire, cherche à atténuer les souffrances de ces populations vulnérables, tout en insistant sur la nécessité de permettre un accès humanitaire sécurisé.

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