L’opposition en République démocratique du Congo peine à s’accorder sur la marche à suivre pour mener une action commune dans la contestation des irrégularités du scrutin. Plusieurs candidats réclament l’organisation d’une nouvelle élection pour préserver la paix sociale. Une proposition contestée par l’opposant historique, Etienne Tshesekedi, qui a appelé mercredi « le peuple » a mené des marches pacifiques « pour protéger sa victoire ».
Quelle stratégie adopter face au scrutin entaché d’irrégularités ? C’est la question que se pose l’opposition congolaise quelque peu désorientée depuis l’annonce de la victoire de Joseph Kabila à l’élection présidentielle du 28 novembre avec 49% des voix. Etienne Tsesekedi, son principal rival, chef de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UPDS), qui a obtenu 32% des suffrages, estime qu’il est le vainqueur du scrutin. Il a d’ailleurs appelé mercredi le peuple à « protéger sa victoire à travers des marches pacifiques ».
Mais les manifestations des sympathisants de l’opposant historique sont rarement sans violences. Pas plus tard que mardi, les forces de l’ordre ont violemment dispersé une manifestation à Lubumbashi. Au moins 14 personnes ont été blessées.
Violences : la faute à qui ?
Face à cette escalade de la violence, l’UPDS et les autorités ne cessent de se renvoyer la balle, s’accusant mutuellement d’être à l’origine des tensions. Pour le chef de la police congolaise, le général Bisengimana, les dirigeants de l’UDPS « ne contrôlent pas leurs militants et vous voyez les conséquences qui en découlent, des magasins sont pillés, des biens cassés… C’est pour cette raison que les autorités politiques, à un certain moment donné, dans des circonstances particulières, interdisent les marches ».
Au contraire, l’UPDS estime que c’est la police qui est la principale responsable des troubles en menant « une répression agressive et même criminelle ! Toutes les manifestations que nous organisons ont été réprimées 20 minutes après leur début », indique Jacquemin Shabani, secrétaire général du parti. Selon elle, « ce sont des marches pacifiques qu’on a l’habitude d’organiser, mais les autorités, veulent opprimer le peuple, l’empêcher de s’exprimer ».
Vers l’organisation de nouvelles élections ?
D’un autre côté, trois candidats à la présidentielle Antippas Mbusa nyamwisi, Leon Kengo wa Dondo, Adam Bombole Intole souhaitent préserver la paix sociale dans leur pays. Pour cela, ils exigent l’annulation du scrutin et proposent la mise en place d’un gouvernement de transition qui sera chargé d’organiser de nouvelles élections. « Puisque nous sommes tous d’accord qu’il y a eu des irrégularités, il vaut mieux qu’on recommence à zéro pour que le futur président de la République ne soit pas contesté », a déclaré le sénateur Michel Bongongo, mandataire de l’Union des forces du changement (UFC) de Léon Kengo Wa Dondo.
Une proposition rejetée par l’UPDS qui estime qu’Etienne Tshekedi a remporté les élections. Le principal rival du président Kabila, qui n’a pas baissé les bras est bien décidé à mener son action jusqu’au bout pour s’installer dans le fauteuil présidentiel.
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