Les combats se poursuivent avec une violence accrue dans l’Est de la République Démocratique du Congo (RDC), plus précisément autour de la cité de Sake, située à une vingtaine de kilomètres de Goma, la capitale provinciale du Nord-Kivu. Les affrontements opposent les Forces armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) et leurs alliés aux combattants du M23, un groupe armé soutenu par l’armée rwandaise. La situation est tendue, les bombardements intenses et la population locale prise en étau entre les belligérants.
Les combats ont éclaté aux premières heures de la matinée du 23 janvier, avec des échanges de tirs violents, principalement entre les positions du M23 et de l’armée congolaise. Des détonations régulières se font entendre jusqu’à l’Ouest de Goma, où la population subit de plein fouet les répercussions du conflit. L’armement lourd, qui inclue des hélicoptères militaires utilisés par les forces congolaises, vient en soutien aux soldats au sol, une stratégie mise en place pour sécuriser la zone et protéger la capitale provinciale. Cependant, les combats sont loin de se limiter à Sake, et les tensions sont palpables dans l’ensemble de la région.
Situation humanitaire alarmante
Les conséquences de ces combats se font sentir sur le terrain, particulièrement sur le plan humanitaire. Un nombre considérable de civils ont été contraints de fuir les zones de combats. Et ce déplacement massif de populations a engendré une grave crise humanitaire. Près de 600 000 personnes sont actuellement déplacées dans les régions à l’Ouest de Goma, sur la route menant à Sake, mais aussi au Nord, dans d’autres camps qui peinent à accueillir un afflux croissant de réfugiés. Dans la ville même de Goma, plusieurs écoles ont dû fermer leurs portes et renvoyer les élèves chez eux.
Dans la zone de Sake, les FARDC et leurs alliés, notamment les groupes d’autodéfense Wazalendos, s’efforcent de repousser les assauts du M23, soutenu par l’armée rwandaise. Les forces de la MONUSCO, la mission de l’ONU en RDC, ainsi que celles de la SAMIDRC, une force de maintien de la paix de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), sont également déployées pour tenter de stabiliser la situation. Des chars de la MONUSCO et des troupes sud-africaines de la SAMIDRC ont été aperçus se dirigeant vers le front pour tenter de contenir l’avancée des combattants du M23.
Échec de la diplomatie de paix
La ministre de la Défense d’Afrique du Sud, en déplacement en RDC, était annoncée sur place dans la journée pour évaluer la situation et coordonner les efforts de la communauté internationale. Les négociations menées lors du sommet de Luanda, en décembre 2024, n’ont pas permis d’apporter une solution durable. Le processus de paix, qui visait à désarmer les groupes armés et à organiser des pourparlers entre le M23 et le gouvernement congolais, est dans l’impasse.
Le Rwanda, qui soutient ouvertement le M23, exige des négociations directes entre le groupe armé et le gouvernement de Kinshasa. Une condition jugée inacceptable par les autorités congolaises, qui refusent toute forme de dialogue avec les rebelles. Cette ligne rouge a pour conséquence de bloquer toute tentative de résolution pacifique. En conséquence, les combats s’intensifient, avec des perspectives de paix de plus en plus lointaines.
Grosses attentes du prochain sommet de l’Union Africaine
Le gouvernement congolais appelle la communauté internationale à adopter des « sanctions ciblées » contre le Rwanda. Une proposition qui commence à être soutenue par plusieurs diplomates occidentaux, bien que son adoption au sein du Conseil de sécurité de l’ONU soit encore incertaine. Le prochain sommet de l’Union Africaine, prévu pour mi-février, pourrait être un moment clé pour réévaluer la pression diplomatique sur Kigali.
L’ONG Médecins Sans Frontières (MSF) a tiré la sonnette d’alarme sur le « coût humain » de l’intensification des combats. Depuis le début de l’année 2025, les structures sanitaires de la région font face à un afflux constant de blessés, en majorité des civils. Les hôpitaux de Massissi, Kalehe, Minova et Numbi ont rapporté près de 400 blessés, certains gravement touchés par des explosions et des tirs d’artillerie lourde. Les médecins témoignent de la gravité des blessures, souvent causées par des attaques à la roquette et d’autres armes lourdes. Ce qui inquiète particulièrement MSF, c’est l’augmentation du nombre de civils blessés.