En République démocratique du Congo (RDC), les enfants paient un lourd tribut au conflit qui ravage le pays. Le dernier rapport du Secrétaire général de l’ONU sur les enfants et les conflits armés révèle une augmentation de 8 % des violations graves entre avril 2022 et mars 2024, mettant en lumière une escalade dramatique de la violence.
Le rapport publié par le Conseil de Sécurité de l’ONU recense 8 208 violations graves touchant 6 196 enfants, dont une majorité de garçons. Les recrutements forcés, les meurtres et les mutilations prédominent, avec 4 006 enfants enrôlés dans des groupes armés, souvent par des enlèvements. Les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu restent les épicentres de cette crise, aggravée par le retrait progressif de la MONUSCO.
Virginia Gamba, Représentante spéciale du Secrétaire général pour les enfants et les conflits armés, a exprimé sa profonde inquiétude : « L’augmentation des meurtres et des mutilations d’enfants est alarmante. Les parties au conflit doivent immédiatement cesser de cibler les civils, en particulier les enfants, et éviter l’usage d’armes explosives dans les zones peuplées. »
Une violence sexuelle omniprésente
Selon le rapport, les violences sexuelles contre les enfants demeurent une préoccupation majeure. Le rapport documente des cas atroces, notamment des mariages forcés et des actes d’esclavage sexuel touchant des filles parfois âgées d’à peine 12 ans. Parmi les auteurs figurent des groupes armés, mais aussi des membres des forces de sécurité gouvernementales. « J’appelle le gouvernement à redoubler d’efforts pour responsabiliser les auteurs de ces actes », a ajouté Gamba.
Malgré cette situation tragique, des progrès notables ont été réalisés. Grâce aux efforts de plaidoyer des Nations Unies, plus de 12 000 enfants ont été libérés des groupes armés et bénéficient de programmes de réintégration. Ces initiatives offrent un soutien psychosocial, éducatif et économique pour reconstruire des vies brisées.
La lutte contre l’impunité progresse également. En septembre 2022, Ghislaine Kavira, membre des ADF, a été condamnée à 20 ans de prison pour le recrutement d’enfants. Ce verdict témoigne de la volonté d’agir, bien que beaucoup reste à faire.
Une mobilisation internationale essentielle
Alors que la MONUSCO se retire de certaines zones, l’ONU souligne l’urgence de maintenir des ressources suffisantes pour la protection des enfants. « Le départ de la MONUSCO ne doit pas signifier l’abandon des enfants de la RDC », insiste le rapport.
Pour mettre fin à cette spirale de violence, l’ONU appelle toutes les parties prenantes, nationales et internationales, à redoubler d’efforts pour protéger les enfants et garantir leurs droits fondamentaux. Avec plus de 15 millions d’enfants en besoin d’aide humanitaire et des millions privés d’éducation, la RDC traverse une crise sans précédent. Il est impératif que la communauté internationale s’engage pour éviter une génération perdue dans ce pays en proie à l’instabilité.