Le Rwanda aurait renforcé sa présence militaire à la frontière avec la République démocratique du Congo. Des habitants de la localité de Gisenyi y aurait constaté des mouvements inhabituels de militaires mais discrets autour.
Le Rwanda transformerait-t-il ses menaces en actes? Fin août, on se souvient tous qu’àprès les tirs d’obus à sa frontière avec la République démocratique du Congo tuant une rwandaise et son bébé, Kigali a immédiatement riposté, accusant les soldats congolais d’en être à l’origine, évoquant un «acte de provocation et injustifié». Les Forces armées de la RDC « ont tiré délibérément une roquette de 107 mm dans le village de Bugu », avait indiqué dans un communiqué le ministère de la Défense du Rwanda. « Cette provocation ne peut plus être tolérée. Nous n’hésiterons pas à défendre notre territoire », avait pour sa part déclaré la ministre rwandaise des Affaires étrangères Louise Mushikiwabo.
A quelques mètres de Goma
Est ce pour la défense donc du territoire rwandais que des habitants de la localité de Gisenyi, frontalière entre les deux pays, ont constaté des «mouvements de militaires rwandais inhabituels mais discrets» ? Selon Radio Okapi, ces derniers ont aperçu des blindés, du matériel militaire et des hommes en train de converger vers des positions à la frontière avec la RDC.
Cette habitante du village de Ruzini, situé à 15km au nord de Gisenyi, témoigne : « J’ai vu cinq tanks et des armes lourdes transportées par de gros camions passer près de chez moi. J’habite au bord de la route. Je n’en avais jamais vu avant. Ils sont partis en direction de la frontière ». Même son de cloche pour cette habitante du Mont Rabuvu, une colline stratégique qui surplombe Gisenyi : « Nous avons l’habitude de passer par la colline pour aller travailler à Gisenyi. C’est un raccourci, mais depuis qu’ils sont là, on n’ose plus y aller ».
Cette source contactée par Afrik.com va même plus loin, affirmant que les militaires rwandais à la grande barrière de Goma sont visibles à quelques mètres de la localité, capitale de la province du nord-Kivu. «Ils sont vêtus d’uniformes de la police pour se camoufler mais sont en réalité des commandos». Le gouverneur Julien Paluku dénonce «un Rwanda en état de guerre.»
L’onu s’en mêle
D’un autre côté, Kigali n’a pas démenti le renforment de la présence militaire du Rwanda dans la région. La ministre des Affaires étrangères s’est seulement contentée de dire que son pays son trouvait en état d’alerte. Que doit-on comprendre? Le Rwanda se préparerait-il donc à enrter officiellement en guerre contre la RDC? En tous cas, la Mission de l’Onu en République démocratique du Congo (Monsuco) a, elle, pointé du doigt les rebelles du M23 en confrontation avec l’armée congolaise dans l’est du pays, les accusant d’avoir provoqué les tirs d’obus en direction du territoire rwandais.
Le secrétaire général de l’Onu Ban Ki moon avait même contacté Paul Kagamé le chef d’Etat rwandais, condamnant «en particulier les tirs non ciblés émanant du M23 qui ont causé des morts, des blessés et des dégâts matériels parmi la population civile à l’est de la RDC et dans les zones frontalières au Rwanda, de même que parmi les casques bleus ». Il faut dire que Kigali est agacé par l’institution qu’il accuse de ne pas être neutre dans son arbitrage entre les différents protagonistes du conflit. Kigali n’a en effet toujours pas digiré que l’Onu accuse l’armée rwandaise de soutenir la rébellion et de s’être infiltrée dans l’est de la RDC.
Allégations d’ailleurs que La chef de la diplomatie du Rwanda avait immédiatement démenti sur son compte Twitter : « Non, les troupes rwandaises ne sont pas en République démocratique du Congo (pour le moment) ». Un (pour le moment) dit d’un ton ironique par la ministre des Affaires étrangères dans un premier temps. Tout montre que la plaisanterie a assez duré car le Rwanda semble avoir véritablement transformé ses menaces en actes.