RDC : l’armée confirme le décès du gouverneur militaire du Nord-Kivu


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Général-major Peter Cirimwami, gouverneur militaire du Nord-Kivu, tué par balles
Général-major Peter Cirimwami, gouverneur militaire du Nord-Kivu, tué par balles

La situation dans l’Est de la République Démocratique du Congo (RDC) continue de se détériorer alors que les affrontements entre l’armée congolaise et les rebelles du M23 s’intensifient. La confirmation, vendredi soir, de la mort du général-major Peter Cirimwami, gouverneur militaire de la province du Nord-Kivu, ajoute une nouvelle dimension tragique à cette crise.

Le général-major Peter Cirimwami, en poste depuis septembre 2023, a trouvé la mort à la suite des blessures subies au front. Il s’était rendu le 23 janvier à Saké, une localité située à une vingtaine de kilomètres de Goma, alors que la ville était la cible d’une offensive majeure du M23. Sa visite, documentée par son service de communication, avait pour but de soutenir les troupes congolaises dans leur effort de résistance.

Une disparition tragique sur fond de conflit

Selon le porte-parole de l’armée congolaise, le général-major Sylvain Ekenge, « le général-major Cirimwami Peter est tombé l’arme à la main au champ d’honneur.  Il a été blessé, on l’a évacué et tout a été fait pour qu’il arrive à Kinshasa et qu’on l’achemine pour des soins appropriés à l’extérieur du pays, mais malheureusement il a succombé à ses blessures, et les honneurs lui seront rendus lors des obsèques nationales qui seront organisées à Kinshasa ».

Le général Cirimwami jouait un rôle central dans la coordination des forces armées locales, les Wazalendos, qui soutiennent l’armée congolaise. Il était vu comme un proche des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), un groupe armé composé en partie d’anciens responsables du génocide des Tutsi au Rwanda, mobilisé contre le M23 et ses soutiens présumés au sein de l’armée rwandaise.

Attaqué par les éléments de son propre camp ?

Selon des témoignages rapportés par le site d’information dw.com, le gouverneur serait tombé dans une embuscade tendue à Kasengesi par des éléments de son propre camp, c’est-à-dire des éléments Wazalendo et des militaires congolais. Ses quatre gardes rapprochés seraient les premiers à tomber en tentant de protéger leur chef. Peter Cirimwami lui-même aurait été atteint au ventre avant de succomber. Pourquoi auraient-ils posé un tel acte ? Difficile de répondre à cette question à cette étape.

Selon dw.com, depuis l’avancée des rebelles du M23 dans plusieurs villages et villes du Nord-Kivu, certains militaires et réservistes Wazalendo reprochaient à Peter Chirimwami de ne pas apporter tout le soutien nécessaire aux éléments déployés sur le terrain. Pour eux, le gouverneur militaire a trahi sa mission. Est-ce pour corriger cette image qui serait gardée de lui que le général-major s’est rendu sur le terrain d’opération ce jeudi ? Et la thèse de l’assassinat par ces frustrés de son propre camp est-elle tenable ? Il est sans doute trop tôt pour savoir ce qui s’est réellement passé.

La progression du M23 menace Goma

Depuis le début des combats à Saké, le 23 janvier à l’aube, les rebelles du M23 ont consolidé leur contrôle partiel sur cette localité stratégique. La proximité de ces affrontements à Goma, capitale économique et administrative du Nord-Kivu, suscite une inquiétude grandissante. Le gouvernement congolais a appelé le Conseil de sécurité des Nations unies à intervenir pour contenir la menace.

Face à l’urgence, le Président Félix Tshisekedi a interrompu son séjour à l’étranger et est rentré à Kinshasa pour diriger les opérations de riposte. Les tensions diplomatiques entre la RDC et le Rwanda se sont accrues, Kinshasa accusant Kigali de soutenir activement le M23, une accusation répétée, mais fermement démentie par le gouvernement rwandais.

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Par Serge Ouitona, historien, journaliste et spécialiste des questions socio-politiques et économiques en Afrique subsaharienne.
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