A l’occasion de sa première conférence en tant que nouveau président de la plateforme Lamuka, l’ex-Premier ministre congolais, Adolphe Muzito, a estimé que pour rétablir la paix dans l’Est de la RDC, il faudra faire la guerre au Rwanda.
« Il faut faire la guerre au Rwanda pour rétablir la paix dans la région. Le Rwanda influe sur la politique congolaise. L’Ouganda aussi. Nous ne pouvons faire la paix qu’en menaçant le Rwanda, en occupant son territoire si possible. Ce n’est pas un objectif en soi, c’est une posture si rien ne change », a déclaré Adolphe Muzito.
L’ancien Premier ministre pense que c’est la faiblesse de l’armée congolaise qui fait du pays le refuge des groupes rebelles venant des pays voisins. Pour lui, le Congo a donc besoin d’une armée forte capable de mettre fin au règne des groupes rebelles dans l’Est du pays.
Il faut rappeler que ces groupes rebelles dont les principaux sont : les Forces démocratiques alliées (ADF, en anglais) de l’Ouganda, les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), les Forces nationales de libération (FNL) du Burundi, sèment la terreur en Ituri et dans les deux Kivus depuis plus de vingt ans, massacrant les populations civiles congolaises devant l’incapacité totale et de l’armée congolaise et de la MONUSCO.
Après l’analyse des déclarations faites, ce jour, par celui qui a été chef du gouvernement sous le Président Kabila, du 10 octobre 2008 au 6 mars 2012, beaucoup d’observateurs ont estimé qu’il s’agit juste d’un show médiatique qu’a voulu organiser l’ex-Premier ministre. « Car, comment comprendre que Adolphe Muzito, alors Premier ministre n’ait jamais proposé ça à l’ancien Président Joseph Kabila ? », s’interrogent-ils, à juste titre. Il est prévu que l’ancien Premier ministre et le candidat malheureux à la dernière élection présidentielle, Martin Fayulu, récemment rentré en RDC, fêtent Noël à Beni, dans l’Est du pays. Ne serait-ce pas dans la perspective de cette descente dans cette région que Adolphe Muzito a fait ces déclarations ? Tout porte à croire que oui.
Dans tous les cas, ces propos de l’ancien Premier ministre sont aux antipodes de la position du Président Félix Tshisekedi, partisan d’un rapprochement avec le Rwanda de Paul Kagamé et l’Ouganda de Yoweri Museveni pour une mutualisation des efforts de lutte contre les groupes armés. Dans ce sens, on a vu tout récemment des rapatriements de vagues de rebelles rwandais interpellés par l’armée congolaise.