RDC : Kinshasa offre 5 millions de dollars pour la capture de Corneille et des cerveaux du M23


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Félix Tshisekedi, Président de la RDC
Le Président de la RDC, Félix Tshisekedi

Le gouvernement congolais a mis à prix les têtes de plusieurs responsables du groupe armé M23, offrant une récompense de 5 millions de dollars pour toute personne permettant l’arrestation de ces individus recherchés. Cette annonce a été faite par le ministre d’État et ministre de la Justice de la République Démocratique du Congo (RDC) dans un communiqué officiel publié vendredi. Cette mesure vise à intensifier la lutte contre le M23, qui a pris le contrôle de plusieurs grandes villes de l’est du pays ces dernières semaines.

Prime et/ou remise de peine accordée aux… taupes

Les trois principaux responsables du M23, Corneille Nangaa, Bertrand Bisimwa et Sultani Makenga, font l’objet d’une prime de 5 millions de dollars. Corneille Nangaa, ancien président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) de la RDC, est depuis 2023 à la tête de l’Alliance du fleuve Congo (AFC), une organisation qui comprend le M23. Bertrand Bisimwa, président du M23, et Sultani Makenga, son chef militaire, sont également visés par cette récompense. Ces trois individus ont été condamnés à mort par contumace en août 2024 par la justice militaire congolaise.

Cette condamnation fait suite à leur rôle dans le relèvement du M23, un groupe armé qui a mené plusieurs offensives violentes dans l’est du pays. Le gouvernement congolais a également promis une prime de 4 millions de dollars pour toute information permettant l’arrestation de complices du M23, tels que Perrot Luwara et Irenge Baelenge, ainsi que d’autres individus encore recherchés. En outre, une remise de peine sera accordée aux personnes qui fourniront des informations, à l’exception des cas de crimes contre l’humanité. Cette offre s’inscrit dans une stratégie visant à démanteler les structures du M23 et à réduire les tensions dans l’est du pays.

Kinshasa accuse Kigali de soutenir activement le M23

Le M23, qui a vu le jour en 2012, est né d’une rébellion d’anciens militaires de l’armée congolaise. Après une période de domination, le groupe avait été défait en 2013 grâce à une intervention des Forces armées de la République Démocratique du Congo (FARDC), soutenues par la mission onusienne MONUSCO. Cependant, en 2022, le M23 a repris les armes, capturant plusieurs localités de la province du Nord-Kivu, à la frontière du Rwanda et de l’Ouganda.

Plus récemment, le groupe a mené une offensive-éclair, réussissant à capturer, fin janvier 2025, les villes de Goma, capitale du Nord-Kivu, et Bukavu, capitale du Sud-Kivu. Ces victoires ont aggravé la situation sécuritaire dans la région et exacerbé les tensions entre la RDC et le Rwanda. Kinshasa accuse Kigali de soutenir activement le M23 dans ses actions militaires, notamment en raison des ressources minières stratégiques que la région du Kivu renferme. Des rapports d’agences onusiennes ont révélé des preuves de soutien militaire rwandais au mouvement rebelle, ce que le gouvernement congolais considère comme une violation de sa souveraineté nationale.

Coalition de stratégie visant à renverser le gouvernement rwandais ?

En réponse, la RDC a désigné le M23 comme un groupe « terroriste » et rejette toute forme de négociation avec ce groupe armé. Pour les autorités congolaises, la priorité est de combattre cette menace et de restaurer l’ordre dans les zones occupées par le M23. Le Rwanda, pour sa part, a réfuté ces accusations, insistant sur le fait que le M23 est un mouvement congolais dirigé par des Congolais. Bien que les membres du M23 parlent le kinyarwanda, une langue rwandaise, Kigali nie toute implication directe dans les opérations militaires du groupe. Le gouvernement rwandais a rappelé qu’il avait désarmé les rebelles du M23 qui s’étaient réfugiés au Rwanda après leur défaite en 2013, avant de remettre leurs armes aux autorités congolaises.

Les autorités rwandaises soulignent que le M23 représente une menace sécuritaire pour le Rwanda. Kigali a également évoqué les alliances formées par la RDC avec d’autres forces militaires, telles que les troupes burundaises et des miliciens FDLR (Forces Démocratiques de Libération du Rwanda), qualifiant cette coalition de stratégie visant à renverser le gouvernement rwandais. Selon lui, cette dynamique aurait exacerbé la situation dans la région des Grands Lacs. A travers cette mise à prix, le gouvernement congolais semble déterminé à lutter contre le M23 et à récupérer le contrôle des zones occupées par le groupe rebelle.

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